Festival de Venise 2012 : Fly with the crane, ou quand la coutume persiste

Horizons
FLY WITH THE CRANE
(GAOSU TAMEN, WO CHENG BAIHE QU LE)
De Ruijun Li
avec Ma Xingchun, Lao Ma...

Un grand père continue à braver les interdits en confectionnant et peignant des cercueils qui sont ensuite enterrés en secret. Car la Loi chinoise interdit désormais la mise en terre, imposant la crémation. Mais dans les villages, les coutumes se perpétuent et les défunts s'envolent avec les grues blanches, comme sur les motifs du sarcophage. « Fly with the crane », production à faible budget, décrit le quotidien doucereux d'une famille chinoise, et les derniers moments de complicité entre un grand père et son petit fils, aussi joueurs l'un que l'autre.

La douceur de vivre, malgré la misère, la proximité d'un environnement naturel encore intact, questionnent à minima le passage à une ère de modernité et surtout à une époque où l'espace vient progressivement à manquer. Les deux portraits sont réussis. Empli de tendresse pour cet enfant, qui joue avec son canard (l'animal de compagnie local), et suit les indications de son aïeul quand celui-ci lui demande d'aller discrètement obturer la cheminée du voisin, l'autre est à peine plus amer pour le vieillard, qui veut finir ses jours sur sa terre. Mais il faut bien avouer qu'il ne se passe pas grand chose et que l'aspect contemplatif du film a une portée limitée, hormis peut-être dans sa très belle scène finale.