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L’Étrange festival 2011 : soirée d’ouverture – Un début de festival prometteur mais en demi-teinte
C’est avec une certaine délectation que nous nous sommes retrouvés hier soir entre amateurs de pellicules bizarroïdes en tous genres. Après une brève introduction du président Frédéric Temps remerciant les partenaires et une truculente intervention du réalisateur Jean-Pierre Mocky qui en a profité pour parler des films choisis pour sa Carte Blanche, le festival a pu commencer avec « Sucre » de Jerden Annokeé, un court-métrage hilarant nous venant des Pays-Bas nous expliquant comment un homme a pu se retrouver à la morgue avec des sous-vêtements de femme coincés au fond de la gorge.
Passée cette délicieuse mise en bouche, les choses sérieuses ont donc pu véritablement démarrer avec « The Divide » de Xavier Gens (+2), un huis-clos étouffant mettant en scène huit personnes bloquées dans le sous-sol d’un immeuble après une explosion cataclysmique. Le film d’enfermement étant un genre casse-gueule par excellence, il faut reconnaître que le réalisateur dont les précédentes réalisations ne nous avaient guère convaincus (« Frontière(s) », « Hitman »), a su ici mener son action avec une belle efficacité, alliant un suspense donnant des sueurs froides avec des plans visuellement très réussis. Malgré une interprétation approximative et quelques petits défauts (un petit quart d’heure de trop, un plan final qui n’en finit pas), « The Divide » est sans conteste le film le plus réussi de son réalisateur.
Autre univers avec « The Woman » de Lucky McKee (+1), la suite d’ « Offspring » d’Andrew van den Houten, puisqu’on y retrouve le personnage principal (une femme sauvage issue d’un clan violent). Elle se fait capturer ici par un avocat machiste qui décide de l’enchaîner dans son garage pour tenter de la rendre plus « civilisée ». La première partie du métrage s’avère véritablement convaincante, entre film d’épouvante et satire amusante de la famille modèle américaine en fait totalement borderline (la femme est soumise, la grande sœur est enceinte, le fils est un pervers précoce), mais la seconde plonge dans une violence exacerbée et mal maitrisée, où se croisent expériences sur les chiens et les humains, et cannibalisme gore pour terminer sur une fin un tantinet décevante. « The Woman » aurait pu être un grand film sur l’avilissement de la femme et la phallocratie hypocrite d’une Amérique en plein déclin, mais son traitement esthétique de soap-opera et ses quelques maladresses (dont les ralentis répétitifs) ne lui permettent jamais de se hausser au-dessus du film d’horreur sanglant et véritablement dégoûtant. Quoi qu’il en soit, le film De Lucky McKee avait forcément sa place à L’Etrange Festival (et non au Festival de Sundance, où il fut projeté devant une salle en colère).