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Festival
Festival de Gérardmer 2008 : Jour 1 - Noir, c'est noir...
Arrivés en début d'après-midi sur Gérardmer, ville toujours aussi agréable sous un ciel magnifique, nous prenons possession de notre petit chalet avec vue sur le lac. Un détour par l'Espace Tilleul pour récupérer les accréditations et c'est partit pour cinq jours sous haute tension.
Mercredi 23 janvier 2008
Il est 19h, et la cérémonie d'ouverture peut démarrer. Salle principale du festival, l'Espace Lac est toujours aussi accueillant. On ne s’installe pas trop loin de l'écran et les festivités commencent. Président du Jury, Stuart Gordon prend la parole et ouvre les hostilités : «Let the bloodbath begins !»
CLOVERFIELD
Déjà célèbre dans le monde entier grâce à un buzz savamment orchestré sur Internet, le mystérieux “Cloverfield” de J.J. Abrams se dévoile enfin. Démarrant comme un film de potes (filmage au camescope, montage cut...), “Cloverfield” se pose rapidement, dès la première séquence de destruction, comme un de ces films post 9/11 (passants hagards déambulant parmi les débris, cendres omniprésentes), le petit plus résidant ici dans un réalisme exacerbé par l'utilisation de la DV. Mais loin de se cantonner à une approche sensationnaliste, les créateurs du film n'insistent jamais sur ce point, préférant jouer la carte du monster movie pur et dur.
Ludique et d'une efficacité exemplaire, le premier film de Matt Reeves (un poulain d'Abrams) reste surtout et avant tout un blockbuster intègre et passionnant, ne sacrifiant jamais ses personnages (les acteurs sont tous très bons) sur l'autel du divertissement, ici sacrément culotté. Entièrement vue par le prisme d'une caméra numérique, la destruction massive orchestrée par une magnifique créature semblant sortie d'un écrit de Lovecraft impose un rythme intense, les scènes les plus cauchemardesques (le passage dans l'immeuble détruit, le sauvetage en hélicoptère) s'enchaînant les unes aux autres sans aucun temps morts. En bref, “Cloverfield” ne déçoit pas et confirme toutes les attentes qu'il avait pu susciter.
STUCK
À peine le temps de se remettre d'un tel choc, qu'il faut y retourner pour le second film de la soirée. Dernier long-métrage de Stuart Gordon, présenté hors-compétition, “Stuck” est de ces films chocs propre à imprimer la rétine du spectateur. Narrant le calvaire d'un SDF coincé dans le pare-brise d'une voiture appartenant à une jeune infirmière, “Stuck” est un météore. N'épargnant aucun personnage, Gordon scrute avec minutie les recoins les plus sombres de l'âme humaine et nous assène ce virulent film d'horreur sociale, non sans un humour d'une noirceur égale à la personnalité de l'héroïne, petite peste arriviste et dépassée par les évènements hallucinants qui lui arrivent.
Stigmatisant avec rage l'égoïsme, la lâcheté et la méchanceté des hommes, le réalisateur de “Re-Animator” n'hésite pas à verser dans le gore (une marque de fabrique chez Gordon) et l'hystérie totale pour appuyer son propos, au travers de scènes mémorables aussi réjouissantes que déstabilisantes (la visite chez son petit ami infidèle, les tentatives du SDF pour se sortir du pare-brise). Les acteurs ne sont pas en reste, et l'interprétation sur le fil de Mena Suvari et Stephen Rea finit de nous achever. Une authentique perle noire.