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Festival de Gérardmer 2007 : Jour 3 – Norvège asseptisée

3 février 2007

The bothersome man
(Norway of life)

Premier film de la journée, déjà présenté à la semaine de la critique de cannes 2007, « Norway of life » décrit l'arrivée d'un homme réservé dans un monde à la fois technique et aseptisé, au fin fond d'un mystérieux désert norvégien. Entre perte de repères et réactions étrangement inertes des autres habitants, un malaise s'installe peu à peu, mettant en évidence une société où il ne faut pas se distinguer, et où les réactions de chacun ne peuvent être que dignes et lisses (même en cas de séparation...). Il n'y a donc ni emballement, ni drame, dans ce monde imaginaire où les enjeux de chacun apparaissent du coup d'une froideur épouvantable.

Un certain humour décalé et mordant est donc au rendez-vous, comme une vision esthétique et isolée de la société moderne (et Norvégienne) où la décoration et le paraître sont les seuls objectifs d'une vie. Intelligemment, le personnage principal devient le perturbateur, car il découvre un trou dans un mur, d'où s'échappent des sons et odeurs, qui pourraient redonner à chacun le goût à la vie. En ligne de mire, les limites de la société de consommation et les goûts stéréotypés voire programmés (le voisin suédois Ikea en prend pour son grade).

Grâce à son acteur lunaire, au charme discret et au regard curieux, Norway of life réussit une peinture des plus drôles, à force de creuser le même sillon...

Retribution

Le dernier Kyoshi Kurosawa, présenté lui hors compétition à Venise en 2006, se retrouve à Gerardmer en compétition. Démarrant comme un quelconque film policier, le cadavre d'une femme en rouge retrouvé la tête dans une flaque d'eau salée, Retribution vire au film fantastique avec l'apparition du fantôme de la femme en question, qui semble accompagner le policier en charge de l'enquête.

Au milieu de cette histoire obscure, à laquelle on comprend de moins de moins de choses au fil de l'intrigue, on est intrigué par l'implication possible du policier enquêteur. Mais celle-ci n'est pas vraiment exploitée, à aucun moment on ne le sent en danger. De même, les apparitions de la femme en rouge, qui crie, se cache derrière une rambarde, et comble du ridicule, s'envole dans les airs, amènent à rire plutôt qu'à s'angoisser du rôle de celui-ci dans l'affaire. Confus, c'est le mot.

Sisters

Sisters est le remake d'un des premiers films de Brian De Palma. Il est réalisé par le metteur en scène remarqué de Family Portraits (ensemble de trois courts métrages ultra violents présenté à Deauville en 2006), Douglas Buck. Malheureusement, de cette sombre histoire de soeurs siamoises, aucune angoisse ne ressort, car bien peu de soin est apporté à la crédibilité de l'action. La scène de la fouille de l'appartement par les policiers et la journaliste, en étant la preuve flagrante (en quelques secondes les rideaux maculés de sang sont propres, et le corps, caché dans la télé...).

De plus, le réalisateur nous montre chacun des indices que les enquêteurs auraient dû trouver, comme le gateau plein de sang (qui passe du salon à la cuisine par on ne sait quelle magie), ou les flaques de sang derrière la télé... Côté interprètes, seule Chloé Sévigny hausse le niveau, face à une Lou Doillon trop torturée pour être honnête, et un Stephen Rea quasi absent. Du coup, le film frise à de nombreuse reprises le ridicule, notamment lors d'un final absurde, tourné en images aux mouvements décomposés, avec filtre de couleur. On est pressé que ça s'arrête...

Massacre à la tronçonneuse, le commencement

La prequel de Massacre à la tronçonneuse tente d'expliquer ce qui n'a pas besoin de l'être. Par un scénario quasi inexisant, il montre la manière dont Leatherface a été adopté par la famille du futur Sherif et comment il est devenu un tueur, lors de la fermeture des abattoires. Sorti de cela, rien de bien nouveau ni crédible, l'horreur se limitant à quelques scènes gores que l'on appréciera différemment selon l'humeur. Dans ce film, le vrai héros sanguinaire est donc le père, leatherface restant quasi secondaire, et les surprises ne sont pas légions.

S'il s'agit d'un slasher classique, dont on sait d'avance que personne ne réchappera (puisqu'on connaît déjà la suite), chacun jugera le film en fonction des scènes de tuerie et de leur caractère « innovant ». Du coup, le film partage autant qu'il dégoûte, et à la rédaction, il fera l'objet d'un Pour / Contre lors de la mise en ligne de la critique.

Alien Apocalypse

Pour finir la journée, une grosse tranche de rigolade du côté des inédits vidéo, que tout bon festivalier se serait voulu de manquer: la présentation d'Alien Apocaplypse. Mettant en scène l'acteur culte des séries Z, Bruce Campbell (vu dans Bubba oh Tep) revenu de l'espace, après une mission de 40 ans et quelques années de criogénisation... pour trouver la terre dominée par les termites!

Effets spéciaux ringards, mais drôles (voir comment des tas de bois explosent en faisant un tour de 180 degrés...), termites qui parlent avec une voix métallique, histoire d'amour à l'eau de rose, costumes pas blancs très longtemps (et difficiles à ravoir) sont au rendez-vous de ce film produit par Sci Fi channel. Mais ce que retiendront les aficionados, ce sont surtout des dialogues cultes se moquant de la politique, de la religion et de son messie (« avant de le rencontrer, je le connaissais déjà! », « il m'a touché et j'étais guéri » - normal, il est osthéopathe -, j'en passe et des meilleurs...)

Un très bon moment, à condition de le passer en groupe, pour un film à ne pas rater lors de sa sortie DVD.

Thomas Bourgeois Envoyer un message au rédacteur
Source : OB et Thomas