Festival Que du feu 2024 encart

L'AFFAIRE JOSEY AIMES

Un film de Niki Caro

Seule contre tous

De retour dans sa ville natale après son divorce, Josey Aimes commence à travailler dans la mine locale, afin de faire vivre ses deux enfants. Si elle sait que ce travail est physiquement très éprouvant, elle ne s'attend pourtant pas à ce qu'il soit également insupportable psychologiquement : insultes, provocations et brimades sont le lot quotidien des quelques courageuses qui osent s'aventurer dans cet univers extrêmement masculin. Mais contrairement à ses collègues, elle décide de se rebeller, et de plaider sa cause devant les tribunaux, marquant ainsi un tournant dans l'histoire du harcèlement sexuel au travail…

L'Affaire Josey Aimes est un bon film, en cela qu'il traite intelligemment d'une étape décisive dans la protection des femmes sur leur lieu de travail. La réalisation est à la hauteur de la gravité du propos, sobre, soignée (avec quelques plans aériens assez bluffants), somme toute efficace. La réalisatrice offre une peinture assez juste de l'univers de cette bourgade étriquée du Minnesota et de sa mine, véritable centre névralgique qui fait vivre plus de la moitié des habitants. Ce monstre gigantesque est présenté sous un jour inquiétant, et sa noirceur offre de jolis contrastes avec la blancheur virginale du ciel et des montagnes enneigées.

Difficile d'imaginer ce film sans Charlize Theron, qui donne une crédibilité et des nuances très intéressantes à son personnage. Connaissant le caractère engagé de l'actrice, qui ne rechigne pas à « mettre les mains dans le cambouis » au sens propre comme au figuré, il n'est pas étonnant qu'elle se soit dévouée corps et âme à ce rôle. Elle est de plus secondée par une brochette d'acteurs tout aussi talentueux et convaincants, dont notamment l'excellente Frances McDormand.

Intelligent et convaincant, le film l'est donc sans conteste, et pourtant, il reste malheureusement loin du chef d'œuvre. Peut-être est-ce parce qu'il offre une démonstration trop scolaire et simpliste (des gros bœufs malpolis + une jolie rebelle + un avocat sur le retour = le triomphe de la justice), trop fondée sur les bons sentiments et un certain manichéisme. Peut-être aussi l'adaptation d'un tel fait réel limite - t'elle le champ de création artistique et confine donc la réalisation à un simple support à thèse.

Enfin, même si Niki Caro montre un souci évident de fuir tout pathos, cela relève de la mission impossible de ne jamais sombrer dans le tragique quand on parle de viol d'un professeur sur une élève, harcèlement sexuel, maladie incurable et conflits familiaux…le tout sur fond de misère sociale !

Delphine MuhlbacherEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire