Festival Que du feu 2024 encart

PODIUM

Un film de Yann Moix

Première place sur le podium pour ce premier film plutôt réussi

Dans la vie, Bernard Frédéric a trois choses : un boulot, une famille, et surtout une passion démesurée pour Claude François. Mais voilà cinq ans que le banquier a raccroché, à la demande de Véro, sa femme. Finis les paillettes, les shows et les galas ringards, jusqu'au jour où Couscous, son ami fan de Polnareff, le persuade de rendosser le costume du chanteur pour la fameuse Nuit des Sosies. Ca s'en va et ça revient...

Tout commence avec des images à la " Yellowsubmarine ", sauf qu'ici, la star, ce ne sont pas les Beatles mais Claude François. Enfin pas tout à fait, car ce film, c'est l'histoire de Bernard Frédéric, sosie inconditionnel du chanteur du phare d'Alexandrie, des Magnolias, du Téléphone qui pleure… Les fans y trouveront certainement leur compte, entre images vraies du chanteur, références à ses concerts, ses costumes, ses chorégraphies… Mais pas seulement eux. Mêmes les inaptes, les amateurs de chansons actuelles plus rock n'bruit apprécieront les talents d'imagination développés ici.

Yann Moix maîtrise son sujet, et grâce à ça, il le rend supportable, et même agréable. Car voir un sosie se dandiner comme Cloclo pendant 1h30 aurait été grotesque, il l'a bien compris. Le film est loin d'être un hommage mielleux et imbécile à l'une des plus grandes légendes de la chanson française. La star, ce n'est pas lui mais bel et bien Bernard Frédéric. Etre le " sosie professionnel du chanteur " est son métier, et il le fait très bien. Les chansons, les pas de danse, la vie, les habitudes de son idole n'ont pas de secret pour lui, mais il ne les rabâche pas. Et tant mieux… " Un cœur qui bat, un nez qui flaire, une décision qui tombe, c'est Bernard Frédéric ", le seul, le vrai, celui qui tente de faire revivre un mythe sans se prendre pour lui. Il n'a pas cette prétention ; son show, c'est sur le parking d'un supermarché qu'il le fait.

Une fois la perruque tombée et les strass enlevés, apparaît un bonhomme un peu paumé, coincé entre une idole et une femme, une passion et la raison. Benoît Poelvoorde émeut par moment, tout en restant le grand comique qu'on avait découvert dans " C'est arrivé près de chez vous " (1992) et plus récemment " Les Portes de la gloire " (2000). Tout au long du film, il fait preuve d'un jeu subtil, mettant un frein à ses crises d'hystérie (cf. " Le boulet " en 2002), et parvient à donner une profondeur magistrale au personnage parfois infect qu'il incarne. Et puis c'est vrai qu'il danse pas mal, qu'il chante pas (trop) mal non plus. Malgré les dissemblances physiques, immanquables, on se surprend à confondre le chanteur et l'acteur, preuve suprême que le mélange osé fonctionne bien.

Bernard Frédéric en star, d'accord, mais le bémol revient aux rôles secondaires, moins travaillés, plus caricaturaux. Jean-Paul Rouve (Couscous), fan de Polnareff, hérite de dialogues un peu cucu, tandis que Julie Depardieu, femme de l'arme fatale, est fatalement stupide. Dommage. Parce que le reste est vraiment bon.

Lucie AnthouardEnvoyer un message au rédacteur

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