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LA VIERGE MISE À NU PAR SES PRÉTENDANTS

De la confusion naît l'intérêt

Un homme a rendez-vous avec une femme dans un hôtel mais à la lumière d’une conversation téléphonique, le spectateur comprend qu’elle ne veut plus venir… Cinq minutes après, ce même homme sort d’une galerie accompagné d’un homme et d’une femme qui semble être un couple… Le récit de leur rencontre commence alors…

Soojung , jeune femme de 24 ans, scénariste, collabore avec un réalisateur de films indépendants, Young-soo. Leur relation est marquée par une attirance réciproque mais alternative. Au hasard d'une rencontre, Youngsoo retrouve un ancien camarade de lycée, Jaehoon, lequel a fait fortune grâce à une galerie d'art. Malgré l'effacement de Soojung, ce dernier tombe amoureux d'elle. Mais Soojung est encore vierge et refus de se donner si vite…

HONG Sangsoo signe un filme bipartite : le récit de la rencontre d'un point de vue qui semble être celui de l'homme, marqué par une rupture représentée par la panne de téléphérique. Dès lors, le récit opère un retour en arrière pour revivre le même récit d'un autre point de vue… Mais est-ce réellement le même récit ? Les images, les dialogues voir les personnages sont différents.

Par ce jeu, la mémoire du spectateur est ébranlée : se souvient-on réellement des scènes précédentes et celles-ci sont bien différentes ou des détails nous auraient échappés et les scènes sont en réalité identiques ? Mais est-ce bien toujours le même récit ou n'est-ce que la simple répétition de scènes qui se déroulent tous les jours à un autre lieu, à un autre moment ? Lorsque le téléphérique redémarre, l'histoire (mais est-ce réellement la même ?) reprend son cours et nous nous retrouvons dans cette fameuse chambre d'hôtel.

Vierge ou pas vierge ? toutes les questions sont permises : les faits même les plus avérés étant sans cesse remis en cause par une nouvelle donnée. Le spectateur ne peut que se trouver dans un état de confusion : quelle est la réalité ? que s'est-il réellement passé ? serait-ce un rêve ? Filmé en noir en blanc en 35 mm, le film est doté d'une double structure : outre ce bipartisme, le film est décomposé en chapitre, chacun doté d'un titre pour le moins original, lui-même divisé en saynètes numérotées.

L'image est superbe, le contraste des couleurs, renforcé par l'utilisation du noir et blanc, renforce le climat sensuel voir érotique omniprésent. " La vierge mise à nu par ses prétendants " est le troisième film de Hong Sang-soo après " le jour où le cochon est tombé dans le puit " ('96) et " le pouvoir de la province de Kangwon " ('98), lesquels sont présentés comme " une trilogie coréenne ".

Lisbeth LanversEnvoyer un message au rédacteur

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