KABOOM
Daddy’s back
Après le magnifique (mais pas drôle) “Mysterious skin”, portrait édifiant de l’adolescence sur fond de pédophilie, le plus japonais des réalisateurs américains revient au genre qui a fait sa renommée : la comédie extra-terrestre. Plus subtile que “Smiley face” (basé sur le trip hallucinatoire d’Anna Faris après avoir englouti des space cakes), mais plus loufoque que “The Doom Génération” et “Nowhere” (qui intégraient déjà des délires martiens), « Kaboom » est un thriller fantastique déjanté, parfaite illustration du génie et de la créativité d’Araki. En effet, détournant les codes du teen-movie, il nous offre un film à la fois sombre et burlesque, où les jeunes sont des obsédés sexuels toujours prêts à sauver le monde.
On se laisse complètement griser par les aventures rocambolesques de Smith et Stella, deux gravures de mode propres à faire rêver les adolescents, qui alternent situations cauchemardesques (dur dur de plaquer une petite amie aux pouvoirs secrets maléfiques), intermèdes fantasmés (un colocataire beau comme un camion qui s’exhibe naïvement), parties de sexe survoltées (et ultra-libérées, comme toujours chez Araki), séquences angoissantes et tours de force façon “l’Armée des douze singes”, le tout sur fond de musique new age. Une seule règle : il n’y a pas de règles. Araki se permet même des transitions entre les scènes, façon animation powerpoint. Si si.
Une question vient alors à l’esprit : mais que fait la police ? Où Gregg Araki puise-t-il cette outrancière liberté ? “Kaboom” semble en effet tout droit sorti de son imagination, comme si aucune limite n’existait. L’homosexualité y est une évidence, l’humour faussement enfantin, les twists se succèdent sans vergogne. Et la recette fonctionne, comme par magie ! Surprenant et jubilatoire, le film risque bien de vous faire planer. Idéal pour une soirée pop-corn entre amis !
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur