FACING ALI
Un documentaire avec un sacré jeu de jambes !
On remarquait déjà l'an dernier que la boxe était un sport très ciné-génique et ce n'est pas ce documentaire qui va nous faire prétendre le contraire, avec son introduction digne d'une des plus grandes pubs Nike. Donc un an après "Tyson", Deauville nous présente un nouveau film sur un autre grand nom de la boxe : Mohammed Ali. Alors, est-ce encore un énième documentaire sur la légende aux gants de boxe ? Gageons qu'aussi bien les néophytes comme moi, que les plus fervents admirateurs du champion, sauront reconnaître que ce film est une œuvre d'exception.
Pour commencer, "Facing Ali" scotche par sa sublime photographie aux couleurs chaudes et saturées. Ensuite, c'est sa structure qui frappe. On a rarement vu un documentaire aussi carré, et si Pete McCormack le construit aussi bien, c'est parce qu'il le peut. En effet, il retrace la carrière de ce boxeur hors du commun, combat par combat, en interviewant ses dix adversaires les plus marquants. A chaque nouvelle séquence, la date et le nom du challenger apparaissent avant d'embrayer sur une des sulfureuses citations d'Ali, pour souligner le caractère bien trempé de la bête. Celles-ci peuvent tout aussi bien concerner son prochain adversaire ou la situation politique de l'Amérique, elles font mouche à tous les coups, nous arrachant systématiquement un sourire de jubilation.
Mais "Facing Ali" n'est pas seulement un documentaire esthétique rigoureusement structuré. C'est aussi une remarquable recherche d'archives qui viennent appuyer les passionnantes interviews de ses anciens adversaires. Là encore, McCormack nous livre un montage qui envoie dans les cordes. Chaque boxeur nous décrit la préparation, les combats, les provocations d'Ali, avec un tel engouement que l'on a vite l'impression d'y être. Leurs narrations, sans langue de bois, sont truffées d'anecdotes qui ravirons les néophytes et extasierons les fanatiques. Certaines traduisent encore l'adversité qui régnait à l'époque. Les intervenants sont tous d'excellents conteurs et, en plus de leurs propos sur Ali, McCormack a l'intelligence de les faire s'exprimer sur leurs passés personnels pour nous les présenter. On a ainsi droit à de poignants moments comme lorsque George Chuvalo évoque son ancienne addiction ou Leo Spinks, son enfance. Grâce, encore une fois, à une réalisation grande classe, McCormack nous offre d'intenses instants révélateurs des mœurs de l'Amérique de l'époque, pour transcender ce magnifique hommage au mythe du ring qui, espérons-le, aura sa place toute méritée dans nos salles françaises.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur