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MR NOBODY

Un film de Jaco Van Dormael

L'heure du choix

Nemo Nobody est le dernier humain à être encore mortel. Alors qu'il semble vivre ses derniers instants, un reporter en herbe décide de faire le siège de son lit médicalisé. Nemo se met alors à lui raconter son histoire, par bribes contradictoires...

C'était l'un des films les plus attendus de l'année 2009 que ce "Mr Nobody", produit par le français Philippe Godeau et mis en scène avec forces moyens par Jaco Van Dormael, réalisateur presque oublié de "Toto le héros" et du "Sixième jour", primé pour sa double interprétation à Cannes. Promis à Cannes, mais refusant le hors compétition, il s'est finalement retrouvé en compétition au dernier festival de Venise, d'où il est reparti avec le prix de la meilleure contribution technique. Un parcours du combattant qui se termine par une sortie en salles en ce début d'année 2010, après plusieurs montages.

Voici donc le résultat de plusieurs années de travail, histoire du dernier mortel sur terre (Nemo Nobody) qui se retrouve sur son lit de mort, à raconter sa vie, ou plutôt ses possibles vies. Récit de non-choix, ce film puzzle aux pistes innombrables et au montage pas toujours à la hauteur, fait une nouvelle fois la part belle aux détails qui amusent (il y a de l'esprit Jeunet là dedans...) et surtout, à de fulgurants moments d'émotion. De celle qui vous étreint lorsque de simples détails vous pénètrent, lorsqu'un message devient évidence. Ici pour Mr Nobody, la ligne est claire: "tant qu'on ne choisit pas, tout reste possible".

Il serait facile de rétorquer que tant qu'on ne choisit pas on ne peut pas se tromper. Et l'on manque donc de courage. Bien sûr, certains reprocheront aussi quelques longs discours et l'usage abusif de symboles, tels les aiguillages qui séparent les destins, les choix de vie. Mais il y a dans ce "Mr Nobody" un charme qui se dégage, à l'image de ces improbables mais romantiques actes manqués, dont fait partie le numéro de téléphone soudainement effacé par la pluie. Appelez cela chance, hasard ou destin, cela touche toujours, car il y a quelque chose d'injuste là dedans, dans cette fatalité qui s'acharne parfois et vous empêche d'avancer. Ou plutôt vous force à bifurquer.

Mais c'est surtout grâce à l'interprétation de Jared Leto ("Requiem for a dream", « Alexandre », « Chapitre 27 »), à divers âges, que l'on se délecte malgré tout de ce personnage pas si profond. On a plaisir à le voir grandir, avec difficultés, et à lui découvrir trois femmes (dont Diane Kruger et Sarah Polley, tout de même), et on a de la peine à le voir dépérir, dans un monde futuriste aseptisé et distant. Sans crier gare, il nous conquiert peu à peu, jusqu'à nous bouleverser finalement par tout le poids de ce qu'il trimballe, ce message clair et vrai : il y a parfois dans la vie, des choix simplement impossibles.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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Bande annonce par Filmtrailer.com

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