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LE DERNIER POUR LA ROUTE

Un film de Philippe Godeau

Chronologie d'un manque

Hervé, patron d’une agence de presse, décide d’en finir avec l’alcool. Il intègre une structure spécialisée, où les personnels d’encadrement sont d’anciens alcooliques, et où il se retrouve affecté à un groupe de personnes, sensées s’épauler les unes les autres, en vivant en vase clos. Mais la période de quarantaine va être dure…

Avec « Le dernier pour la route », Philippe Godeau, producteur (notamment du tant attendu « Mr Nobody », bientôt sur les écrans), s'essaye avec réussite à la mise en scène. De manière distanciés, il dépeint le calvaire intérieur d'un homme fermé aux autres, qui redécouvre les vertus du groupe, et de l'autre, pour mieux s'en sortir soi-même. L'acceptation est difficile, l'abstinence encore plus, le retour à la vraie vie encore davantage, mais les étapes successives sont nécessaires. Et c'est à la manière d'un anthropologue, que cette adaptation du livre autobiographique de Hervé Chabalier, actuel directeur de l'agence Capa et ancien grand reporter au Nouvel Observateur, paru en 2004, nous fait plonger au coeur d'une thérapie de groupe.

Car la force du film vient non seulement de l'interprétation sans faille de François Cluzet, dont c'est décidément l'année puisqu'on le verra en novembre dans « A l'origine », mais aussi de l'ensemble d'un casting proprement impressionnant. Progressivement, l'on tremble pour chacun d'entre eux, de la nymphomane attachante (Eva Mazauric), à la jeune rebelle désabusée (Mélanie Thierry). Cliniquement, leurs parcours s'éloignent, mettant en danger des individus potentiellement relâchés dans la nature, mais jamais guéris. Le constat est cruel, sans concession. Les dangers sont présents et persistants à l'esprit. Mais quoi de mieux qu'un film qui marque, pour faire office d'approche pédagogique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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