SELL OUT !
Une comédie enjouée et cynique sur la globalisation
Jolie surprise que cette improbable fable malaisienne arty, extrêmement bien écrite, qui vire ponctuellement à la comédie musicale, dans les moments les plus inattendus. Histoire d'un jeune inventeur rêveur et d'une animatrice de show télé sur l'art contemporain, tous deux obligés par leur employeur global « Pony - enterprises » (vous devinez l'allusion: Fony electronics, Fony tv...) de composer avec leur intégrité, « Sell Out, sell out » s'avère une formidable comédie, assumant jusqu'au bout son cynisme quant à l'évolution des médias et des industries.
Un peu potache au début, sous forme de faux reportage, le film devient chaque minute plus élaboré et plus maîtrisé, adoptant à la fois une narration plus linéaire et un ton plus extravaguant. Les bonnes idées sont innombrables, de l'exorcisme du côté rêveur de l'inventeur, qui se dédouble alors, jusqu'à la chanson sur les pipes bien faites, qui se moque du karaoké des patrons. Le duo d'employeurs facilement irritables est d'ailleurs assez savoureux, fournissant des dialogues improbables et absurdes, des colères inattendues et mémorables, comme des passages chantés des plus surprenants.
Mais ce bijou de fantaisie cache également une satire politique efficace du monde de l'entreprise. J'en veux pour preuve le concept des produits qui doivent rendre l'âme au lendemain de la fin de leur garantie et pas un jour plus tard. Mais le summum de la lucidité est atteint avec une chanson entonnée en choeur par nombre de figurants criant l'amour que les pauvres pourraient porter à l'argent, qui lui, bien entendu... préfère les riches ! Tout est dit.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur