LE CRIME EST NOTRE AFFAIRE
Cluedo dans les Alpes
Voici le second volet de la saga des Beresford, les époux enquêteurs d’Agatha Christie. L’adaptation troque la campagne anglaise contre les alpages savoyards, ce qui étonnamment ne choque pas. Les paysages enneigés et les somptueuses demeures se prêtent très bien à une chasse à l’assassin.
Pascal Thomas a déjà réalisé deux adaptations de la célèbre romancière britannique: «L’heure zéro» (mettant en scène le Commissaire Bataille), ainsi que «Mon petit doigt m’a dit» (mettant en scène les époux Beresford). Cet opus reprend donc les mêmes éléments que le second: décors, acteurs, un huis-clos et des indices qui désignent chacun des protagonistes.
La réussite du film, réside en le fait d’insuffler une fantaisie à des intrigues considérées comme classiques, notamment à travers des petites originalités visuelles et des dialogues empreints de dérision et d’ironie. Catherine Frot use ainsi de son ambivalence naturelle entre conservatisme et excentricité, et André Dussollier semble prendre un réel plaisir à ronchonner tout autant qu’à se laisser entraîner par la fantaisie du rôle qui lui est confié. On retrouve aussi une partie de la famille Desplechin dans ce château : Melvil Poupaud, Chiara Mastroianni, tous convaincants en arrivistes flegmatiques, chacun engoncé dans son rang dans la famille.
La mise en scène recèle de touches imaginaires et inventives. On est véritablement transporté dans un monde où tous les détails sont soignés: de beaux costumes, une photographie agréable, et une intrigue qui nous tient en haleine presque jusqu’au bout (Allez ! On avoue qu'on avait deviné le dénouement... et vous?).
"Le crime est notre affaire" est donc un film très agréable à regarder, porté par une réalisation efficace, des acteurs impeccables. Et s'il manque d’ambition pour toucher un large public, il n’en reste pas moins un divertissement de qualité.
Camille ChignierEnvoyer un message au rédacteur