SOUVENIR
Mélo
Un frère qui s’était enfui de sa maison étant jeune, cherche à retrouver sa soeur, chanteuse de Pansori que son père a passé sa vie à former, ne reculant devant aucune privation…
L'oeuvre de Im Kwon Taek (« Le chant de la fidèle Chung Yang ») est décidément imprégnée de cette culture très particulière du chant traditionnel coréen, à mi chemin entre conte et chanson. Certes la tradition du Pansori est bien lointaine de notre culture, mais l'on peut se laisser charmer par cette forme d'expression artistique hors du commun. Malheureusement, « Beyond the years » se révèle rapidement être un mélo poussif qui met en scène une famille de chanteurs, dont le père aurait volontairement rendu sa fille aveugle, pour transférer l'énergie de la vue vers la voix et les oreilles. De cette belle et épouvantable idée de départ, le réalisateur fait un drame construit en multiples flash-back autour d'un dîner réunissant le frère de la chanteuse et un amoureux éconduit.
Au fil d'un récit, décousu et improbable, les personnages se compliquent la vie de manière éhontée, ayant à chacune de leurs brèves rencontres, toujours de mauvaises raisons pour s'éloigner. Du coup, le récit, relativement interminable, s'avère répétitif, pesant, et mélodramatique au plus haut point. D'autant qu'on ne pardonne pas à des films américains d'être sur-signifiants en ajoutant des éléments explicatifs de l'intrigue ou en utilisant en bande son des chansons commentant l'action, alors pourquoi le ferait-on avec ce genre de film, qui utilise en live des chansons exprimant explicitement les sentiments ou la situation des protagonistes.
Le tout n'est donc pas des plus légers, même si quelques beaux moments viennent ponctuer le récit, comme le parallèle entre les personnages et les grues vagabondes, qui finissent un jour par se poser quelque part. Restent que le poids du passé disparu, avec l'importance du lac et de l'auberge qui fait figure de dernier lieu de bonheur, et une certaine forme d'amour (l'extrême fidélité, la maison construite par le frère), suintent de ce film d'un autre âge, dont les charmes sont malheureusement atténués par de nombreuses longueurs, comme la scène de communion par le chant, entre les deux héros, assis dans un champs.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur