ELLE S’APPELLE SABINE
Une vie
Ne vous méprenez pas ! Ce film, bien qu’il en ait l’air, n’est pas un reportage à proprement parler, c’est un véritable film de cinéma ! Et cela, bien qu’il soit passé sur le petit écran avant sa sortie en salle. A la télévision ce film parle de la vie d’une autiste, au cinéma il parle de la vie d’une femme. Il ne doit pas seulement être vu comme un plaidoyer contre le système psychiatrique français dont Sabine est sortie très diminuée à la suite de cinq ans d’enfermement. Il doit aussi être vu comme un moment privilégié passé avec Sabine, la sœur de la réalisatrice, autiste, mais avant tout femme, superbement simple et complexe à la fois.
A travers ce film Sabine nous fais partager sa vie, sa réalité, ses souvenirs, ses rêves, ses inquiétudes et son amour par des dialogues d’enfants tout aussi durs que tendres, parfois proche d’une forme de poésie :
- Qu’est-ce que tu regarde Sabine ? Le ciel ?
- Non !
- Qu’est-ce que tu regardes alors ?
- Le ciel !
L’on apprécie ce moment passé avec elle, au-delà de la différence du handicap qui finalement n’est pas la plus insurmontable des frontières entre elle et nous. Les nombreux flash back, tirés directement des films de famille des Bonnaire, nous montrent une jeune femme, Sabine, telle qu’elle était, dans une image blanche, passée, et telle qu’elle est aujourd’hui sous un angle plus profond et poétique.
A travers le regard amoureux de sa sœur Sandrine, Sabine semble nous questionner sur nos préjugés et sur l'affection que l’on peut porter à une personne handicapée. Doit-on toujours voir ces personnes comme des gens malheureux et infirmes ? Ou ne serait-ce pas nous, les gens « normaux », qui aurions un handicap, celui de la peur de l’autre et de la différence. Elle nous convainc, nous séduit, nous invite dans sa réalité et nous demande alors : « Est-ce que tu vas revenir me voir ? ».
Théophile Sclavis
Lycée Saint-ExupéryEnvoyer un message au rédacteur