Festival Que du feu 2024 encart

GOZU

Un film de Takashi Miike

Bizarrerie

Ozaki, yakuza des plus paranoïaque, doit être éliminé par son collègue et ami Minami. Mais sur le chemin vers la mort, son corps disparaît, lors d'une halte dans une station service. Minami part alors à sa recherche, rencontrant de bien étranges personnages dans la ville de Nagoya…

Dire que Takeshi Miike réalise des films bizarres et violent est un euphémisme. Exploitant à merveille la folie de ses personnages, il n'en épingles pas moins des pratiques déviantes ou irraisonnables. Ici la violence est mise quelque peu en retrait, car il s'attache à un Yakuza plutôt raisonnable, dont les objectifs sont plus liés à la protection de son ami qu'à un esprit sanguinaire.

Ainsi, le plus intéressant est l'étude de mœurs à laquelle se livre Miike, mettant en avant la non communication, la solitude de ses personnages, et certains travers de la société niponne, dont le sens de la hiérarchie sociale. Minami croise ainsi un chien anti-yakuza, une vieille tenancière d'hôtel qui veut prendre son bain avec les clients et qui bat son fils qu'elle voudrait au service du client y compris en faisant preuve de compétences de devins qu'il n'a pas, ou un chef yakuza qui s'enfonce des louches dans l'anus pour mieux jouir…

L'animalerie Miike est donc presque au complet, avec son lot de marginaux et de malchanceux sans lesquels son cinéma n'aurait pas grand intérêt. Dire que l'on rit régulièrement serait une erreur, car ici le rire est « jaune », gêné aux entournures. Loin des conventions du cinéma art et essai, Miike provoque, sans que l'on comprenne trop où il veut en venir. Et cela fonctionne.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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