DANS LA VALLÉE D'ELAH
Pour les interprètes, formidables
Revenu d’Irak, le soldat Mike disparaît subitement. Intrigué, son père se rend sur la base, où ses affaires sont restées bien rangées. Ayant récupéré son téléphone portable, il tente d’en soutirer quelques bribes de films…
Deux ans et demi après son oscarisé surprise « Collision », le réalisateur américain Paul Haggis revient avec un film sur les conséquences de la guerre en Irak. Choisissant comme prétexte la disparition, une fois sur le sol américain d'un jeune soldat, il dresse le portrait d'un père (Tommy Lee Jones, saisissant), à la recherche d'une vérité que l'armée comme la police locale semblent vouloir lui cacher. L'acteur est convaincant comme toujours, mais la surprise vient de celle qui est là pour l'épauler. Bouc émissaire de son poste de police, la méconnaissable mais crédible Charlize Theron, cheveux plaqués en arrière, garde la tête haute face à des collègues au machisme épuisant.
Faisant dans un premier temps douter le spectateur du réel retour du jeune soldat sur le territoire américain, la quête menée par le père se fera en des terres finalement pas assez dangereuses pour créer un réel suspense. D'autant que les révélations finales, voulues certainement mineures, ne servent pas tant que cela le message d'une nécessaire rédition en Irak, où un conflit inhumain semble affecter les personnalités des soldats. Qui est David et qui est Goliath ici? Ce père face à un système étouffant le moindre potentiel scandal ou l'Irak face au géant américain? Reste un film militant, dont on retiendra surtout quelques scènes bouleversantes entre Susan Sarandon (la mère) et Tommy Lee Jones, aux prises avec la perte d'une deuxième fils et un désarroi saisissant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur