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PERSEPOLIS

Mission accomplie pour Marjane Satrapi

1978, Téhéran, capitale de l’Iran. La petite Marjane, 8 ans, rêve de devenir prophète pour sauver le monde ! Avec ses parents et sa grand-mère, elle assistera à la chute du Chah, à l’avènement de la République islamique et de la répression culturelle. Lorsque la guerre contre l’Irak est déclarée ses parents l’envoie se réfugier en Autriche, loin des affrontements, loin de ses racines, loin des ses attaches. Une nouvelle vie commence dans ce pays étranger qui ne semble pas l’accepter…

Attendez-vous à être touché au plus profond avec « Persepolis », film d’animation adulte tiré de l’histoire vraie de Marjane Satrapi, iranienne d’origine et française d’adoption. « Persepolis », c’est l’histoire d’un pays, c’est l’histoire d’une famille, c’est l’histoire de la vie.

Ce pays, l’Iran, que tout un chacun pense connaître. Oubliez ce que vous avez vu de lui à la télévision, entrez dans ce film et vous découvrirez une autre nation, un autre peuple et une autre histoire. Cette famille, celle dont Marjane est la seule enfant, celle où les parents inculquent la passion de la connaissance, le respect d’autrui et la tolérance. Cette famille de sang royal, d’honneur guerrier et de valeurs intègres va vous enchanter ! Cette vie, « la » vie, vue à travers les yeux d’une enfant pleine d’espoir et d’innocence, vue par une adolescente en perte de repères et qui s’égare à cause de la solitude et des absences, vue par une adulte qui grandit bien trop vite alors qu’elle n’est pas préparée.

Marjane Satrapi a d’abord écrit quatre tomes d’une bande dessinée à succès avant de se voir proposer d’adapter son œuvre (notamment par les Etats-Unis qui voulaient en faire une série à la « Beverly Hills » !). Heureusement, Marjane et son ami Vincent Paronnaud, également dessinateur de profession, ont préféré se lancer dans l’aventure cinématographique pour faire de l’œuvre personnelle de Marjane une œuvre universelle forte. Présenté à Cannes, en 2007, le film a soulevé les passions et a remporté le prix incontestable du jury. Il convient, en effet, de saluer ce coup de maître, un premier film en forme d’œuvre ultime qui touchera les grands comme les petits, où chacun pourra s’identifier à ces personnages et où on pourra reconnaître ce salaud de premier amant, sa grand-mère chérie ou ses amis destroys !

Marjane Satrapi n’a rien dénaturé de sa bande dessinée. Elle a été fidèle aux mots et aux images. Aux mots d’abord, car cette liberté de ton qu’elle avait dans ses bulles se retrouve intégralement et dénote dans le paysage des films d’animation ! Les images enfin donnent la part belle au noir et blanc qui ici est justifié par le fait qu’il esquisse le passé tandis que le présent de l’héroïne est tout en couleur. Les idées restent également les mêmes. Marjane Satrapi fait le constat d’un peuple victime de ses gouvernants, proclame la liberté de parole et de pensée, combat les préjugés et l’intolérance.

Une seule chose change : l’émotion. Celle-ci est démultipliée grâce à la magie du cinéma et à la réussite des réalisateurs, Satrapi et Paronnaud, qui donnent tout simplement corps à l’un des plus beaux dessins animés de l’histoire du 7e art. Bravo.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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vendredi 8 novembre - 9h53

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