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LITTLE CHILDREN

Un film de Todd Field

De l'inconsistance de l'homme: aussi glacial qu'envoûtant

Alors qu’elle se trouve au jardin d’enfants avec des voisines et sa fille, une jeune mère de famille aperçoit le seul jeune « père au foyer » du coin. Séduisant, elle parie avec les autres femmes, qu’elle pourra avoir son numéro de téléphone sans difficultés. Mais la plaisanterie tourne au vinaigre lorsque les deux jeunes parents s’embrassent à pleine bouche…

Todd Field n'avait pas convaincu la rédaction avec son premier film ("In the bedroom") pourtant nommé à l'oscar, mais qui semblait se complaire dans le malsain. Avec son second, le réalisateur américain passe au niveau supérieur, faisant preuve d'une maîtrise formelle allant de paire avec une floppée de sujets tout aussi épineux. Avec pour point de départ l'adultère, il développe à la fois les thèmes de l'ennui dans les classes aisées, de l'inconsistance de l'homme, de la castration, mai aussi de la pédophilie et de la suspicion. Dans son récit, adapté d'un livre de Perrotta, la culpabilité se confronte à la culpabilisation, et les bourreaux se font jour de tous côtés.

Avec une mise en scène d'un calme absolu, flirtant avec le milieu aisé dans lequel baignent les personnages, privilégiant cette fois-ci couleur et luminosité d'une vie dorée, où chacun semble d'inventer des problèmes ou des sujets d'inquiétudes au lieu de profiter de la vie. Ainsi le désir de changement, de perpétuelle nouveauté est mis en avant au travers du personnage interprété par Paul Wilson, droit et joueur à la fois. Celui-ci est aux prises avec une femme trop belle, à qui tout réussi (Jennifer Connelly, fantomatique). Il en est littéralement castré. Et c'est là qu'intervient le personnage de Kate Winslet, aux formes généreuses, en pétillante tentatrice.

Dans ce petit monde lisse, Todd Field introduit des temps morts, des moments flottants. Par des gros plans ou des contre plongées audacieuses, il crée le bien être comme le malaise, précipitant le spectateur comme ses personnages vers un dénouement forcément navrant pour tout le monde. "Little children" est donc autant une expérience sensorielle qu'un voyage au pays des bourgeois et de leur morale, pas si nette. A découvrir absolument.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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