DARATT
Politiquement intéressant, mais formellement rébarbatif
Dans un pays fraîchement sorti de la guerre civile, une commission décide d’amnistier les criminels de guerre, provoquant indignation et renforçant le désir de vengeance. Un jeune homme qui a vu son père se faire assassiner sous ses yeux, se rend à la ville pour trouver du travail et se fait engager comme boulanger chez le meurtrier de son père…
Il est toujours difficile de juger un film africain, dont la forme et la poésie nous échappent souvent . "Daratt" nous propose de suivre le voyage d'un jeune homme vers la ville dans l'espoir de retrouver l'assassin de son père. Traitant de la capacité de chacun à pardonner, le film rappelle (en situation inversée) "Le Fils" des frères Dardenne. Mais, humiliation volontaire suprême, c'est ici la victime par ricochet, qui travaille sous les ordres du bourreau. Politiquement engagé, Mahamat Saleh Haroun installe un climat extrêmement malsain entre ce jeune garçon renfermé aux accès de violence extérieurement incompréhensibles et l'homme malade qui l'emploi, faussement fragile et désireux de faire le bien.
Entre le grand père aveugle, le fils traumatisé et le tueur affaibli, personne n'est finalement sorti indemne du conflit. Produit par Abderamanne Sissako ("Bamako"), "Daratt" porte un discours clairement pacifiste, et prône la sortie d'une situation d'une noirceur confondante, que le réalisateur faitr nettement contraster avec un sable d'une clarté subjuguante. Même en s'identifiant au jeune garçon, le spectateur occidental aura bien du mal à comprendre les motivations de chacun, le désir brûlant de vengeance (déjà décrit dans les films traitant de l'Ex-Yougoslavie), et la nécessité de passer à autre chose. Une oeuvre troublante.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur