MA VIE SANS MOI
POUR: Un film testament : bouleversant
Non le film d'Isabel Coixet n'est pas un film larmoyant. A aucun moment l'héroïne ne s'apitoie sur son sort. Rarement sa maladie est évoquée ou montrée, hormis au travers de quelques malaises ou vomissements. Car il ne s'agit pas là du sujet de ce film élégant et sombre. Ma vie sans moi nous parle d'espoir, d'héritage au sens noble du terme, de ce que tout être veut transmettre ou laisser derrière lui. Mais ce film espagnol, tourné en anglais et au Canada, nous parle surtout de désir, de ce qu'est l'accomplissement de quelqu'un, de ce qui est essentiel à ses yeux.
Et l'amour est forcément au cœur de cette histoire. Comment éviter de faire souffrir ceux qu'on aime ? L'héroïne d'Isabel Coixet a choisi : elle cache sa maladie, prétextant une anémie passagère. Comment être sur que l'on n'est pas passé à coté du grand amour ? Elle décide de coucher avec d'autres hommes, et d'en faire tomber un amoureux d'elle. Mais elle tombe sur le personnage d'un Mark Ruffalo, timide, blessé par une rupture trop subite, qui accepte de devenir un amant compatissant, complice et discret. Son jeu atteint son diapason lors de ce qui restera comme la plus belle scène du film : une déclaration d'amour délicate, aussi réservée que désespérée.
C'est finalement autour de cette expression de l'amour, de la vérité que tourne de magnifique film. Sarah Polley, géniale interprète de De beaux lendemains d'Atom Egoyan, transmet ici toute la bienveillance d'une mère qui veut être présente auprès de ses filles après la mort, de la femme qui veut le bien de son mari en se cherchant une remplaçante, et de la maîtresse qui partage un second et secret amour avec un bel inconnu. Elle est l'ame de ce film renversant, où tous les seconds rôles revêtent une importance particulière, comme ces dernières choses qu'on savoure avant une fin certaine.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurCe film espagnol se déroule le temps de l'évolution d'une terrible maladie, où la pluie, les pleurs et les cris de détresse se suivent en continue. Le bonheur n'a pas de prise dans ce long métrage où l'accent est porté sur la détresse de son actrice principale. Car si l'héroïne semble aborder sa maladie avec un certain courage, elle ne se laisse que peu de barrières quant aux moyens de la vivre, et de l'annoncer à ses proches.
C'est d'ailleurs ce changement dans sa vie et la fin inéluctable qui l'amènent à se remettre en question et lui permettent de découvrir ses penchants inavouables. Son amant, avec qui elle partage des moments de poésie pure, ses parents avec qui elle tente de renouer le contact (entre un père en prison et une mère dépressive), rien ne lui permet de se raccrocher à une once d'espérance.
Alors le contexte étant déjà très dur, la réalisatrice n'oublie pas sa famille, qui habite dans une roulotte, avec un mari, charmant au demeurant, mais qui vit de petits boulots. Il manquerait plus que ses deux filles se fassent écraser par un train en allant chercher de l'eau sous un temps brumeux, pieds nus et poursuivies par des loups enragés. C'est dire à quel point le scénariste a chargé la mule de la désespérance et de la mélancolie.
D'ailleurs plus le film avance, plus il m'est arrivé de me demander si le but du jeu n'était pas de faire pleurer le plus tôt possible le spectateur. C'est vrai qu'une heure et de mi sans pleurer tiens plus du supplice que de la résistance. Mais à part être sponsorisé par une marque de mouchoir jetable, l'intérêt de ce film reste très faible car à trop vouloir en faire on se détache des vues du personnage principal. Jamais on ne se sent concerné par ses problèmes et son avenir.
Il est dur de suivre le réalisateur dans sa descente en mélancolie, à travers son actrice. Un film mélodramatique avec un grand MELO, trop grand pour le cœur et l'esprit des spectateurs.
Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur