MON ANGE
Quelques passages poétiques et une découverte
Le premier film du scénariste et dialoguiste favori de Patrice Leconte (il a écrit « Les grands ducs » ou « La fille sur le pont ») est une sorte de balade douce amer, un road movie où se croisent le crépuscule maternel d’une prostituée amoureuse, et l’aube sensorielle d’un orphelin récent. Si la qualité de certains dialogues, signés Serge Frydman fait parfois mouche, dans les scènes d’intimité forcée entre ces deux êtres, le trop d’écriture arrive aussi à en plomber d’autres, lorsque tension ou action prennent le pas sur le personnel. Bizarrement, lors des quelques scènes de fuite, car nos héros sont poursuivis par le « mac » de la collègue décédée, les dialogues sont alors pratiquement couverts par la musique et deviennent quasi inaudibles.
Cependant, et malgré un choix de musiques assez judicieux, l’émotion ne nous submerge à aucun moment. Seule la scène où les deux personnages, assis au bout d’un ponton, se racont-ent une histoire imaginée, un avenir comme ils l’auraient aimé, arrive enfin à faire monter quelques larmes (ou glaçons) aux yeux. Au final, le film vaut surtout pour l’interprétation. Celle d’une Vanessa Paradis blessée et digne, qui court après un amour impossible, et un tic tac biologique implacable. Et surtout celle de la véritable découverte du film, le jeune Vincent Rottiers (Les diables, Narco), au regard pénétrant, qui, tel un oiseau blessé, tente de relever la tête, en s’accrochant à des espoirs d’éveil, bien légitimes à son âge.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur