8 FEMMES
Une enchanteresse pièce rétro
Ozon, a obtenu, pour son quatrième film, un des plus castings français jamais vu. Il réussit le tour de force de faire exister les unes faces aux autres, des monuments du cinéma français et des jeunes espoirs plus ou moins confirmés.
D'une pièce de théâtre , dont il aurait changé la fin et amplifié certains personnages, Ozon fait un délicieux nettoyage de linge sale en famille, où les femmes passent leur temps à se mentir, protégeant ainsi la meurtrière. Peu à peu les langues se délient, les rancœurs et secrets font surface, et les numéros de chacune se font plus drôles car décalés.
Les dialogues sont finement distillés, et les passages chantés, où chaque personnages livre un peu de lui au spectateur est un vrai délice, du 'à pile ou face' d'Emmanuelle Béart au 'il n'y a pas d'amour heureux' de Danièle Darrieux.
Les interprètes s'en donnent à cœur joie, mais la scène la plus émouvante nous est certainement offerte par Isabelle Huppert, vieille fille engoncée dans ses principes, qui lance un 'message personnel', chorégraphié à minima, mais à la puissance des plus troublantes.
Du rire, des drames, le tout sous un manteau de neige qui rend encore plus absent le monde extérieur. Les relations de famille sont parfois un peu expéditives (la mamie au placard) voire tordues (le sexe sur la carpette) mais on retrouve bien là la fascination d'Ozon pour les petites perversions et son humour sur le fil du rasoir.
Un grand cru pour 2002, relevé de somptueux costumes rétro des années 50, inspirés par des actrices célèbres de l'époque (Garbo, Marilyn, Hepburn…).
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur