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Festival Lumière 2024 : Retour sur la Master Class de Giuseppe Tornatore
La salle était comble ce mardi 15 octobre au Pathé Bellecour pour venir écouter « il maestro » Giuseppe Tornatore raconter son parcours et surtout, la légende autour du film qui l'a rendu célèbre, "Cinema Paradiso", sorti en 1989, et récompensé par le Grand prix du Jury à Cannes, puis l'année suivante par l'Oscar du meilleur film étranger.
Giuseppe Tornatore semble heureux d'être là. Pas étonnant quand les trois quarts de la salle le regardent avec des yeux amoureux. Il faut dire que sa bonne humeur est communicative et qu'il raconte bien les histoires. Il nous parle ainsi avec joie du bide phénoménal de la première sortie en salle de "Cinema Paradiso" en Italie. Le film durait alors 2h30, une durée jugée trop longue par les producteurs qui expliquaient par cela son échec commercial.
Après de longues semaines de réunions entre l'équipe de production et le réalisateur, dans le but d'essayer de parvenir à ce que le film trouve son public (Tornatore explique qu'ils avaient des rencontres qu'ils nommaient des séances de psychanalyses tant elles étaient profondes et infructueuses, et raconte un des appels téléphoniques qu'il avait régulièrement avec son producteur : « Qu'est ce que tu fais ? » « Je regarde le toit » « Moi aussi, viens qu'on le regarde ensemble »), Tornatore décida de faire deux coupes en enlevant tout un chapitre d'une durée de vingt minute au film et cinq minutes à la fin.
Une deuxième sortie en salle fut organisée. Un deuxième échec. Le film fût finalement repéré par Cannes et (la version raccourcie) connut ensuite un énorme succès international. Ce n'est qu'après avoir reçu l'Oscar que le film fût enfin un succès au box office italien, c'était sa quatrième sortie en salle dans le pays. « C'est une histoire étrange qui ne peut arriver qu'au cinéma », conclut-il en souriant.
Tornatore raconte encore, son métier de projectionniste quand il était lycéen dans son petit village de Sicile, les documentaires qu'il faisait pour la RAI en Sicile (la chaîne de télévision italienne) son premier film sur la Camorra, tiré du livre d'un journaliste qui s'était fait sauter sa voiture trois fois par la mafia avant d'en terminer l'écriture, son amour pour Ennio Moricone, qu'il a filmé dans un documentaire de presque trois heures en lui faisant promettre, s'il s'engageait dans le projet, de se livrer complètement…
Viennent les interventions du public, un jeune homme italien assurant lui-même sa traduction lui demande son mot préféré : « Rigore » répond-il sans hésiter. La rigueur. La rencontre se termine, il faut libérer la salle pour la séance d'après, mais une trentaine de personnes entourent déjà « il maestro » pour récolter autographes, pour des serrages de mains voire simplement pour un petit sourire de la part de celui dont les films semblent avoir tant compté pour eux.