Festival de Venise 2024 : "April", favori pour la mise en scène

Compétition
APRIL
de Dea Kulumbegashvili
avec Ia Sukhitashvili, Kakha Kintsurashvili, Merab Ninidze…

Notre premier avis sur le film "April" :

Gagnante de la Coquille d’or au Festival de San Sebastian 2020 avec "Au commencement", le film ayant été aussi estampillé Label Cannes 2020, la réalisatrice géorgienne Dea Kulumbegashvili a fait son entrée en compétition à Venise avec "April", portrait d’une obstétricienne travaillant en hôpital, mais parcourant aussi les campagnes pour réaliser des avortements clandestins. Lent et sombre, le film s’ouvre sur une figure fantasmagorique, sorte de statue au reflet sur un sol mouillé, qu’on découvre finalement être un corps difforme, dont les respirations se mêlent à des cris d’enfants en train de jouer.

Symbole de sa capacité à endosser les pires situations vécues par les locaux, mais aussi de ses propres tourments dans son rapport à la sexualité, cette silhouette sans visage apparaîtra ponctuellement à la place du personnage, le souffle imposant, l’allure inquiétante. Traitant de la situation de la femme, dont le corps n’est bon qu’à enfanter, "April" bénéficie d’une mise en scène contemplative, où le hors champs a une particulière importance, tout comme le bord du cadre, qu’il s’agisse du découvrir un abdomen tendu par la douleur d’un avortement, ou une voiture qui s’enlise, de nuit dans une boue envahissante. Sachant créer le malaise, Dea Kulumbegashvili pourrait bien repartir de la Mostra avec un prix de la mise en scène samedi.