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Festival
Festival de Venise 2023 : "Green Border", film sur les migrants qui reste à l’état de constat
Compétition
GREEN BORDER
(Zielona Granica)
de Agniezka Holland
avec Jalal Altawil, Maja Ostaszewska, Tomasz Włosok, Behi Djanati Atai, Mohamad Al Rashi, Dalia Naous...
Notre première impression sur le film :
Agniezka Holland, réalisatrice polonaise de "Europa Europa" et "Le Jardin secret", revient cette année à une thématique liée aux frontières, après un film historique certes classique mais plutôt réussi ("Le Procès de l’herboriste"). En s’attaquant à la question des migrants à la frontière entre Biélorussie et Pologne, elle aborde un sujet hautement inflammable en son pays, ayant des résonances dans de nombreux pays d’Europe. Malheureusement son film se réduit globalement à la présentation des parties, celles-ci donnant leur titre à chacun des chapitres du film : les réfugiés, les gardes frontières, les activistes, et les habitants. Décrivant ainsi de manière systématique les agissements de chacun (marche dans la forêt, reconduite ou extorsion, repérage et aide...), elle donne un aperçu des règles que chacun doit suivre dans ce status-quo glaçant qui continue encore aujourd’hui, et questionne l’implication des citoyens comme de l’Union Européenne.
Mais le choix de réduire ceux-ci à quelques silhouette d’agriculteurs (potentiellement délateurs) en mettant uniquement en avant une psychanalyste, disposant de plus d’une grande maison où loger d’autres personnes biaise forcément quelque peu la démonstration. Le film n’évite pas certaines scènes difficiles, liées au sort des corps retrouvés morts le long des barbelés de la zone d'exclusion, ou aux dangers des tourbières. Mais les plans insistants sur des pieds à la fois sales et mutilés, les facilités scénaristiques liées à la présence d’une afghane parlant anglais, et le moment choisi pour montrer le garde polonais en pleine remise en cause, sans compter les habitants parlant français qui font la pub d'un bouquet de chaînes télé à des migrants africains, semblent autant de maladresses, qui accumulées finissent par faire paraître le film comme relativement manichéen. Ceci d’autant plus que quelques dialogues des plus naïfs sont également au rendez-vous.