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Festival de Venise 2012 : Joaquin Phoenix joue les incurables pour Paul Thomas Anderson dans The Master

2 septembre 2012

Compétition
THE MASTER
de Paul Thomas Anderson
avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, Jesse Plemons, Laura Dern...

La tradition veut qu'à Venise il y ait chaque année un film surprise. Mais cette année, les règles ayant changé et le nombre de films en compétition étant réduit à 18, les organisateurs n'ont pu qu'accepter la participation de « The Master » de Paul Thomas Anderson, film très attendu, quelques jours avant le début du festival. Du coup, exit le film mystère et bienvenue à l'un des castings les plus alléchants du moment, avec le grand retour de Joaquin Phoenix, deux ans après avoir présenté ici « I'm still here » faux documentaire sur sa prétendue conversion au Rap.

Le réalisateur de « Magnolia », « Punch-Drunk Love » et « There will be blood » confirme avec ce film qu'il a bel et bien abandonné ses effets prononcés visant à faire monter l'angoisse ou le sentiment d'oppression chez le spectateur, les concentrant sur seulement quelques scènes. Si son cinéma y a gagné en fluidité, il y a perdu non pas en intensité mais en émotion. Mais l'homme s'intéresse toujours à des être à part, des hommes en mal de communication et de connexion avec le monde, ou avec les autres. Après la timidité maladive dans « Punch-Drunk Love » et les ravages de l'avidité dans « There will be blood », c'est cette fois-ci aux séquelles de la guerre que s'attaque le réalisateur américain.

Décrivant le retour à la vie civile d'un marine's américain, au lendemain de la seconde guerre mondiale, il met aussi le doigt sur une innocence perdue en route, pour des hommes qui n'ont même pas eu le temps de connaître leurs premiers émois avant d'être envoyés sur le front. Comment alors renouer avec sa vie rêvée pendant des années d'exil, comment avoir le courage de retrouver l'autre, l'être aimé ou fantasmé ? Aidé dans son rétablissement par une sorte de gourou charismatique (Philip Seymour Hoffman, captivant) prônant l'hypnose régressive comme méthode de traitement, c'est à cette phase de sa vie que nous convie cette œuvre qui manque paradoxalement un peu d'âme.

Mais cette lecture première du film n’est pas la seule, puisque l’on peut y voir également une parabole politique sur le capitalisme aveugle et l’état d’un pays en pleine déliquescence, qui ne sait plus vers quel Dieu se tourner.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur