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Festival de San Sebastian 2011 : Impression – Julie Delpy fait enfin décoller le festival avec son Skylab
Elle avait créé la surprise dans la section Panorama du Festival de Berlin 2007 avec « 2 Days in Paris » en présentant sa vision d'un couple franco-américain, en visite à Paris (la suite « 2 Days in New York » devrait être aussi à Berlin en début d'année prochaine). La voici qui récidive avec une réunion de famille bien française, pour « Le skylab », son quatrième film en tant que réaluisatrice, une comédie réjouissante, un rien politique, qui a enflammé le festival. Julie Delpy, qui se donne aussi ici l'un des premiers rôle de ce film choral au casting impressionnant (Bernadette Lafont, Karin Viard, Éric Elmosnino, Aure Atika, Emmanuelle Riva, Sophie Quinton, Valérie Bonneton, Albert Delpy...) y a d'évidence mis une nouvelle fois de ses souvenirs, de ses coups de gueule et de son amour pour sa propre famille.
L'une des réussites du long métrage est de savoir traiter autant les histoires des grandes personnes, entre frustrations sexuelles ou guerrières et visions divergentes de l'éducation, et celles de tout un groupe d'enfants, dont le casting n'a pas du être chose facile. Tout cela sonne délicieusement juste, des relations avec les deux grand-mères aux délires du grand oncle devenu sénile, de la joie des retrouvailles bretonnes, au repas où les choses déraillent la discussion dérivant sur le terrain politique, en passant par l'attitude des ados qui aiment à poser devant les filles ou faire peur aux plus petits, comme celle des plus petits, qu'on calme en les mettant devant les dessins animés à la télé.
Julie Delpy situe son histoire souvenir en Bretagne, en 1979, quelques années après 68, mais aussi à la veille d'une possible arrivée de la gauche au pouvoir, espoir pour les uns, menace pour les autres, comme ce satellite Skylab qui menace de tomber à tout moment. On pourra reprocher au scénario d'en faire un peu trop sur les turpitudes de l'ancien soldat ou le désir farouche de la fille du couple phare, devenue adulte (Karin Viard) de regrouper sa famille dans un carré d'un wagon TGV. Cependant le rire est assuré, les bons mots aussi (« elle s'est cassé avec un vioc... il a au moins 30 ans »), le film compilant aussi les agacements de la réalisatrice quant aux a priori des parents sur les métiers d'artistes. Une grand mère d'avouer en aparthée « comédien c'est pas vraiment un métier », ou la mère de rappeler « on est pas à la rue... on fait du spectacle de rue, c'est pas la même chose ». Reste que Julie Delpy assure ici très bien le spectacle, que ce soit devant ou derrière la caméra, réussissant avec brio à embrasser l'ensemble de ses très nombreux personnage, avec une tendresse non dissimulée.