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Festival de Gérardmer 2011: Jours 1 et 2 - Alors que "Devil" déçoit, "Dream home" crée l'effroi, entre gore et humour noir
On le dit chaque année, mais ça fait toujours du bien de le répéter : de la neige, un lac, un président du Jury légendaire et une programmation alléchante, on est bien à Gérardmer ! Et même si le BeBop Burger et les glaces gratuites ont disparu, c’est toujours un plaisir que d’être là.
JOUR 1 : UN BIEN MAUVAIS DIABLE EN OUVERTURE
Petite forme pour le public lors de l’habituelle cérémonie d’ouverture, malgré la présence de Dario Argento, Alexandre Aja, Maurice Barthélémy, Fred Cavayé ou Clovis Cornillac.
DEVIL
Compétition (– 1)
« Devil » ne va pas réveiller le public géromois ! Entre déjà vu et pas intéressant, « Devil » célèbre bien la tradition de mauvais film d’ouverture (pour espérons le, un bon festival) mais possède l’avantage de ne pas être ennuyeux. Enfermant 5 personnes dans un ascenseur contrôlé par de Diable et dont on connaît l’issue dès le début, le film brasse du vent et est très vite oubliable.
JOUR 2 : IMMOBILIER, SCHIZOPHRENIE ET MIRAGES
DREAM HOME
Compétition (+3)
Second film de la compétition officielle, « Dream Home » s’annonçait sous les meilleurs auspices. Et c’est peu dire qu’on n’a pas été déçu ! Dès sa première séquence, un étranglement bien sadique, le neuvième film du jeune Pang Ho-cheung annonce la couleur : il va y avoir du sang, et pas qu’un peu ! Se basant sur un fait divers glauque s’étant déroulé à Hong-Kong, le réalisateur évoque la crise immobilière sévissant sur l’île dix ans après la rétrocession, mariant le touchant portrait d’une famille ordinaire à un enchaînement de meurtres tous plus dégueulasses les uns que les autres. Mise en scène léchée à la photographie inventive, scénario astucieux mêlant flash-backs et temps réel, scènes gores inventives, acteurs impliqués et touches d’humour noir, « Dream Home » finit par réveiller une salle un peu endormie qui n’en demandait tant. Du pur fun, intelligent et réussit, pour attaquer cette vraie première journée de festival !
SUSPIRIA
Rétrospective (+4)
Un classique du Maestro Argento sur grand écran, ça ne se refuse pas ! Film le plus célèbre de son auteur, « Suspiria » envoute toujours autant, son histoire de sorcières maléfiques dirigeant une célèbre école de danse permettant au cinéaste, alors en pleine possession de ses moyens, d’expérimenter à foison et d’assumer à fond son besoin d’impliquer le spectateur. Couleurs saturées explicitant les références aux contes de fées, meurtres rituels au gore salvateur, composition hypnotique et flamboyante des Goblins, candeur angélique de la belle Jessica Harper… Même 35 ans après sa réalisation, « Suspiria » se savoure avec toujours autant de plaisir, la restauration extraordinaire de la copie assurant aux spectateurs une projection des plus savoureuses. Chef-d‘œuvre !
DONNIE DARKO
Rétrospective (+4)
Le meilleur film de la journée fait partie de la rétrospective « Schizophrénie, paranoïa, claustrophobie et autres petits troubles de l’existence », car « Donnie Darko » est quand même un des dix meilleurs films des années 2000. Même si il possède un lapin imaginaire venu du futur comme ami, Donnie peut renvoyer à chacun d’entre nous, à chaque adolescent solitaire (ou non) que nous avons été. Parfaite description de la jeunesse américaine dans les années 80, bande originale en adéquation totale avec le sujet (magnifique reprise de « Mad World »), « Donnie Darko » fonctionne toujours autant qu’à sa 1ère vision et touche à chaque fois sa cible : nous !
Lire la critique de "Donnie Darko" par Olivier Bachelard
HAUTE TENSION
Rétrospective (+4)
Le 2ème film d’Alexandre Aja était déjà un parfait exemple de la maitrise que lui et son comparse Gregory Levasseur ont du sujet. Slasher français faisant référence désormais dans le monde entier (bide chez nous, mais carton en vidéo au USA), le film est sous tension du 1er au dernier plan. Brut, efficace et maitrisé, le film se permet même de petites envolées lyriques (la poursuite sur « New Born » de Muse) qui nous laissent admiratifs du talent d’Aja.
MIRAGES
Compétition (-3)
Un film fantastique marocain, voilà qui éveille la curiosité ! Première réalisation de Talal Selhami, « Mirages » est le troisième film de la compétition, racontant l’aventure de cinq candidats à un emploi échoués en plein désert. Une sélection qui doit surement plus à la nationalité du film qu’à son éventuelle réussite artistique. Car autant crever l’abscès tout de suite : « Mirages » est un ratage à tous les niveaux. Filmé en HD sans aucun travail photographique, jamais divertissant dans son déroulement narratif (en gros, il se passe pas grand chose), très inégal dans son interprétation (le pas mal côtoie le très mauvais), sans aucun thème ni raison valable d’exister, « Mirages » se déroule laborieusement, jusqu’à une conclusion ridicule qui achèvera les plus motivés. Dommage, la promesse d’un cinéma un peu original n’aboutit que sur du vide,. Le mirage d’un film, en quelque sorte.