Festival de Gérardmer 2010 : Jour 3 - Des Québécois dans la lune

Troisième journée pour les reporters d'Abusdeciné présents au festival du film fantastique de Gérardmer 2010, marquée par la rencontre avec l'immense John Mc Tiernan !

MOON
La journée commence en force avec probablement le film qui va remporter l'un des prix principaux. « Moon » de Duncan « fils de Bowie » Jones est une petite bombe filmique comme on aimerait en voir bien plus souvent. Subtile, touchante, envoûtante, cette histoire claustrophobique lunaire portée par un Sam Rockwell impressionnant dans son one man show (« seul » acteur du film). Souvent proche des grands classiques du genre (l'espace de « 2001 », la profondeur de « Blade Runner ») sans jamais en être dépendant, « Moon » est la révélation (tant attendue) du festival.

SHUTTLE
Retour aux inédits vidéos avec un petit survival urbain surfant sur la vague des films de torture. Original dans son introduction, « Shuttle » s'enfonce inlassablement dans la médiocrité. Peu aidé par une photographie verdâtre et une interprétation ridicule (le gentil mec bizarre qui s'avère, ô surprise, être un méchant !), le film se déroule laborieusement, enchaînant les clichés et les situations déjà vues sans qu'on ne s'inquiète jamais pour ses protagonistes pathétiques. Et ce n'est pas le pseudo message final sur le trafic de jeunes femmes qui va venir changer quelque chose...

RENCONTRE AVEC JOHN MC TIERNAN
Vous aurez la chance de découvrir sur Abus de Ciné, très prochainement, une interview d'une heure avec le maître de l'action. Un entretien plein de vérité, avec un réalisateur juste, généreux et heureux d'être là.... et nous aussi du coup !

AMER
Une expérience : voilà ce qu'est « Amer ». Impossible de résumer l'intrigue (mais y'en a-t-il vraiment une ?), tout n'est ici que symbolique et fétichisme. Usant des stigmates du giallo (gros plan charnels, cuir omniprésent, lame de rasoir scintillante, jeune femme tentatrice et victime) comme d'une panoplie visuelle et sonore pour explorer l'éveil au corps et à la sensualité d'une jeune femme, le premier film d'Hélène Cattet & Bruno Forzani retrouve les couleurs et l'abstraction d'un certain cinéma italien, citant Dario Argento, Mario Bava ou Sergio Martino avec un culot qui laisse pantois. Osé, miraculeux, hypnotique, « Amer » ne ressemble à rien d'existant dans le cinéma actuel. Et c'est bien là ce qui fait toute sa force. Puissant.

5150 RUE DES ORMES
Juste après un hommage à John Mc Tiernan tonitruant, Éric Tessier, « jeune » réalisateur québécois est venu présenter son dernier film « 5150, rue des Ormes ». Film de captivité, thriller domestique psychologique, vigilante movie... le film est un fourre-tout complètement barré mais maîtrisé, ce qui donne un cocktail complètement explosif.... intelligent... et drôle ! C'est un « Funny Games » inversé (ici c'est le jeune qui est séquestré) avec des personnages hauts en couleur et des enjeux à l'actualité bien réelle (la religion, l'insécurité, les attentes familiales...) La surprise de ce festival, sans aucun doute !

HALLOWEEN II
Le premier « Halloween » de Rob Zombie restait malgré tout, et surtout, un authentique slasher, Michael Myers s'essayant dans le seconde partie au meurtre de masse avec une férocité inégalée. Enchaînant directement à la fin du premier opus, cet « Halloween II » laisse de côté l'attirail habituel de la série pour se recentrer sur les obsessions du père Zombie : la famille et le Mal. Ésotérique, baroque et ultra-violent, « Halloween II » plonge dans la psyché dérangée et dérangeante du tueur en série. Bancal dans son écriture (euh, Malcolm McDowell, sérieux...), iconique dans sa mise en scène, le quatrième film de Zombie reste dans la lignée des précédents. De l'hystérique qui fait mal.

Frédéric Wullschleger & François Rey