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Festival de Deauville 2019 : Vendredi 13 Septembre

14 septembre 2019
Festival de Deauville 2019 vendredi 13 septembre Skin
© The Jokers - 24 Bilder

Pour la troisième fois, la journée s'ouvre par un documentaire : le poignant "5B" qui fait la lumière sur le service 5B de l'Hôpital Général de San Francisco, qui dans les année 70, a été le premier lieu d'accueil des patients atteints du Sida. Si le documentaire n'a rien d'extraordinaire dans sa forme : alternance entre images d'archives, sources de télévision, déambulation au présent dans les couloirs vides, interviews des soignants et aides à l'époque et aujourd'hui, l'histoire et le combat que ces gens ont mené valent le coup d'être entendus. Car des procédures qui aujourd'hui semblent abusives ont été à l'époque brandies contre les soignants pour les incriminer. La peur de ce qui s'appelait au départ, le « gay cancer », fatal à 100%, fait ressurgir l'homophobie en force, alors que ces infirmières et infirmiers étaient en première ligne pour aider ces patients qui n'allaient sans doute jamais sortir de leur lit.

Vient ensuite dans cette journée, qui pourrait être défini comme « éclectique », le long métrage "Skin" de Guy Nattiv, présenté en compétition. Il s'agit de l'histoire vraie de Bryon Wynders, un jeune homme élevé dans une communauté skinhead violente qui, après une rencontre, va vouloir quitter sa famille, ce qu'elle ne va pas exactement laisser arriver. Ce film est d'une très grande force. Très bien cadré, la performance de Jamie Bell et sa transformation sont très impressionnantes. Il s'agit sans doute du meilleur film de la compétition pour nous. Peut-être un poil long, mais la pression parvient à se maintenir de bout en bout.

Si "Skin" était adapté d'un court métrage sorti la même année, "Greener Grass", présenté en Premières, l'est aussi. Les deux actrices, réalisatrices et productrices, Jocelyn DeBoer et Dawn Luebbe expliquent qu'elles ont fait ce film pour les adolescents de Clermont Ferrand qui les avaient suivies pendant toute la semaine après la projection de leur film au festival. Il s'agit d'une satire de la vie de banlieue chic, et effectivement toutes les couleurs sont saturés, les gens ne sont que dans le paraître et se ressemblent tous, etc. Mais une satire est censée dénoncer quelque chose, or ici, c'est plutôt la course à l'absurdité qui est censée susciter le rire. Un film assez étrange, qui fait rire, ou pas.

Entre ces deux films, l'équipe d'Abus de Ciné a pu assister à la conférence de presse de Kristen Stewart et Yvan Attal pour le film "Seberg". L'actrice y incarne Jean Seberg, entre mai 1968 et Octobre 1971, et Yvan Attal est Romain Gary, son mari de l'époque. L'actrice, qui a déjà joué plusieurs femmes célèbres, explique qu'elle n'a pas de préférence dans ses choix de rôles entre les personnages de fictions et les autres. Elle a besoin d'avoir un personnage riche. Elle explique qu'elle a fait des recherches sur les éléments constitutifs de ces personnes, mais qu'ensuite elle s’est donné la possibilité de respirer, afin de ne pas faire une caricature, ou une imitation de ce qu'était Jean Seberg. Elle explique avoir beaucoup aimé la manière dont l'actrice approchait ses engagements et ses combats, en ne se mettant pas en avant. Elle explique agir de même avec ses convictions, qu'elle ne crie pas haut et fort, mais qu'elle porte sur elle. Elle estime que pour changer vraiment un système de l'intérieur il ne faut pas se mettre en porte étendard, mais laisser les gens raconter leur histoire et leur donner une tribune. Elle explique également qu'elle était sidérée que personne ne connaisse cette histoire et cette partie de la vie de l'actrice, qui n'est plus jamais revenue à Hollywood après ces événements.

Le dernier film de la journée, qui a suivi l'émouvante remise du Deauville Talent Award à Kristen Stewart par Olivier Assayas, était donc "Seberg" de Bennedict Andrews. En Mai 1968, Jean Seberg, en rentrant à Los Angeles, prend le même avion qu'Hakim Jamal, surveillé par le FBI pour son travail avec les Black Panthers. Elle sort de l'avion et pose à côté d'eux, le point levé. Peu de temps après, elle passe la nuit chez Jamal et commence à financer sa cause et les Black Panthers. Elle fait tout cela sous les yeux et les oreilles du FBI, qui vont alors tâcher de la discréditer. Kristen Stewart livre ici une belle performance, pas sa meilleure, car son style de jeu haché et ses phrases courtes, ne peuvent pas convenir à tous les rôles et s'ils semblent pertinents dans les périodes de crises de l’actrice, ils le sont moins quand tout va bien. Yvan Attal est un Romain Gary d’un grand charisme. Seul le personnage de Jack O'Connell, Jack Solomon, jeune agent du FBI, en charge du cas Seberg, tire un peu son épingle du jeu, mais encore une fois en demi teinte. Petit clin d’œil de la scène où il tousse en fumant un joint. Comme si l'acteur de Cook dans "Skins" pouvait tousser...

Thomas Chapelle Envoyer un message au rédacteur
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