Festival de cannes 2024 : "Les Graines du Figuier Sauvage", la bombe Rasoulof

Compétition
LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE
(The Seed of the Sacred Fig)
de Mohammad Rasoulof
avec Soheila Golestani, Setareh Maleki, Missagh Zareh, Mahsa Rostami...

Notre premier avis sur le film :

C’est de manière triomphale que le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof a été accueilli hier après-midi dans le Grand Théâtre Lumière. Il faut dire que non seulement l’homme, condamné en appel à cinq ans de prison, a fui le pays il y a à peine une dizaine de jours, mais il est parvenu à atteindre la Croisette pour y présenter librement son nouveau film. Et il faut dire aussi que celui-ci, d’une durée de presque 2h50, à la fois politique, engagé et formidablement humain, est parvenu à se hisser très haut dans les pronostics pour la Palme d’or. Doté de nombreuses paraboles (à commencer par son titre) et niveaux de lecture, le scénario s'intéresse à la famille d’un homme fraîchement nommé juge d’instruction et un temps perturbé par l’ampleur de la tâche qui lui incombe et par les questions morales liées au peu de temps dont il dispose sur chaque cas, surtout en période de répression d'émeutes.

Mais alors qu’on attendait une prise de conscience de sa part, c’est l’inverse qui se produit au film du récit, et l’homme devient le symbole à lui seul de tous les mauvais traitements infligés par le régime à la société, reproduisant les mêmes mécanismes à l’échelle de sa famille (sa femme et ses deux filles) lorsqu’il s’agit de retrouver son revolver, arme de service qui a disparu et qui pourrait lui valoir des mois voire des années de prison. Parabole sur un pouvoir aveugle à la souffrance de ses citoyens, usant de méthodes de l’ordre de la torture psychologique, voir physique, la cellule familiale une fois déportée en dehors de la ville, se transforme en véritable prison pour les trois femmes. Brillamment mise en scène est interprété, on devrait retrouver "Les Graines du Figuier Sauvage" très haut dans le Palmarès samedi soir.