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Festival
Festival de Cannes 2023 : "Les Herbes sèches", l'humain selon Nuri Bilge Ceylan
Compétition
LES HERBES SÈCHES
(Kuru Otlar Ustune)
de Nuri Bilge Ceylan
avec Merve Dizdar, Deniz Celiloğlu, Musab Ekici...
Notre première impression sur le film :
La rumeur autour du nouveau film du Turc Nuri Bilge Ceylan a été d’emblée dithyrambique, portant aux nues la réflexion sur l’être humain que porte ce long métrage fleuve (plus de 3h30). Portrait d’un professeur de collège dont une de ses élèves, amoureuse de lui, l’accuse de comportement déplacé, l’intrigue entraîne également son colocataire et ami, et une femme professeure qui semble leur plaire à tous les deux, dans un étonnant et troublant triangle amoureux se muant en jeu de dupes. Partant d’une peinture plutôt flatteuse du personnage principal, au regard d’une grande douceur, complice avec ses élèves, ami avec de nombreuses personnes du village, le scénario permet d’en découvrir progressivement l’amertume et la solitude, finalement voulue.
La photographie est comme toujours envoûtante, qu’il s’agisse de capturer des paysages enneigés ou tourmentés, Nuri Bilge Ceylan se servant de séries de photographies pour faire la transition entre les différentes parties du film : des portraits solitaires, des duos d’amis, le trio... Peu à peu se dévoilent la complexité des êtres, las d’espérer une réelle connexion avec l’autre, et incapables de prendre du recul sur leur propre comportement alors qu’ils sont parfois rapides à juger les autres. Rythmé de nombreux dialogues, souvent tendus, passant d’un sujet à l’autre, "Les Herbes sèches" est entièrement structuré pour amener à une scène clef, en trois actes, marquant une pause réflexive de manière plus que surprenante. Si les deux interprètes masculins occupent la part centrale du récit, c’est au final Merve Dizdar qui nous arrache quelques larmes, et pourrait bien remporter un prix d’interprétation samedi prochain.
