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Festival
Festival de Cannes 2021 : "Benedetta", satire joyeusement blasphématoire sur le mensonge
Compétition
BENEDETTA
de Paul Verhoeven
avec Virginie Efira, Charlotte Rampling, Hervé Pierre, Lambert Wilson, Olivier Rabourdin, Daphne Patakia, Clotilde Courau, Louise Chevillotte...
Notre premier avis sur le film :
Autant dire que le nouveau fils de Paul Verhoeven était attendu ici comme le messie. Pratiquement prêt pour Cannes 2019, le film a attendu l’édition 2021 pour figurer en compétition du festival. Il faut dire que son histoire de nonne lesbienne au XVIIe siècle dans un village d’Italie portée par Virginie Efira laissait augurer d’une satire percutante. Le résultat est là, plus drôle qu’espéré, plus acide aussi, à la fois dans certains dialogues traduisant l’avidité de l’Eglise (« un couvent n’est pas un lieu de charité, il faut payer pour être ici »…) mais aussi dans la parabole offerte sur les liens entre le mensonge et le pouvoir. Et comment quelqu’un peut tenter de tromper la structure de l’Eglise comme les fidèles, pour parvenir à ses fins, souvent bien égoïstes. Tout parallèle avec un certain Donald Trump ou d’autres puissants hommes politiques, ne serait que pure coïncidence...
Paul Verhoeven, lui, joue avec une esthétique baroque, s’amusant à utiliser les voiles comme un vecteur érotique entre la nonne et sa novice, symbolisant au passage ici la porosité entre certains membres du clergé et les choses de la chair. Virginie Efira semble habitée par son rôle, certes parfois proche du Grand-guignol lorsqu’elle adopte une voix démoniaque, mais parvient à convaincre dans l’incarnation de cette figure influente, auto-proclamée femme du Christ. On s’amuse donc réellement à observer les tactiques déployées, aussi bien de son côté que du côté de ceux qui s’opposent à elle, comme Lambert Wilson et Charlotte Rampling, rivalisant tous deux d’hypocrisie. Si l’on doute du fait que le film soit finalement au palmarès, il n’en mérite pas moins un succès public.