Festival de Cannes 2016 : "Toni Erdmann" réjouissante et amère réflexion sur le bonheur

C'est la première grande surprise du Festival. Le film allemand « Toni Erdmann » a reçu hier une très longue ovation pour l'émotion apportée au fil d'une histoire qui prend légitimement son temps pour atteindre les c?urs. Car c'est de celui de son héroïne qu'il s'agit avant tout ici, de sa vie de consultante de haut vol savamment gérée, et de son père qui s'étonne de ne la voir jamais sourire ou s'amuser. Bien décidé à perturber cette routine, il va s'inventer un personnage, le fameux Toni qui donne son titre au film, et faire irruption dans son existence sous bien des formes et accoutrements, aux moments où elle s'y attend le moins.

Présentant d'emblée le caractère de bout en train d'un père à l'imposante carrure, le scénario regorge de surprises, amenée avec tact par la mise en scène de Maren Ade (« Everyone Else (Alles anderen) »), l'une des trois femmes de la compétition avec Andrea Arnold et Nicole Garcia. De véritables moments de comédie, à l'écriture irrésistible, jalonnent ainsi un récit où la carapace de l?héroïne se craquelle doucement, au delà des objectifs fixés par le travail, qui rythment sa vie. Et le film atteint son paroxysme lors d'une scène d'anniversaire, aussi incroyable qu'improbable. Une ode à la confiance en soi et à la vie, qui devrait sans aucun doute se retrouver au palmarès, ne serait-ce que pour un Prix du jury pour son originalité, voire pourquoi pas pour un double prix d'interprétation.

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