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Festival de Cannes 2012 : Un certain regard – L'anarchie comme dernier recours dans Le grand soir de Kervern et Delépine

24 mai 2012

Un certain regard
LE GRAND SOIR
de Benoit Delépine et Gustave Kervern
avec Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel, Brigitte Fontaine, Bouli Lanners...

Il y a toujours un fond politique dans les films de Gustave Kervern et Benoît Delépine, anciens de Canal Plus passés avec bonheur à la réalisation de longs métrages. Après les licenciements économiques et les rouages d'un capitalisme aveugle et anonyme dans « Louis-Michel », puis les affres des droits à la retraite et le désœuvrement dans « Mammuth », les voici portant une nouvelle vision sociale de la crise et de la sur-consommation. Et tout le monde en prend pour son grade, au sein d'une zone commerciale des plus banales qui sert de décor à un nouveau délire faisant la part belle aux numéros d'acteurs, au détriment d'une logique d'ensemble, qui se perd un peu en route.

Benoît Poelvoorde interprète ainsi un punk à chien, à la crête collée à la bière, errant dans ce no man's land où il n'a droit à rien. Surtout pas à l'affection de parents qui ne peuvent plus le voir en peinture, et qui semblent préférer son frère, incarné par un Albert Dupontel très à cheval sur les normes (pour les gens comme pour les produits ou les bâtiments), tout au moins jusqu'à ce que ce dernier se fasse licencier. Dictature des objectifs au travail, désespoir lié à la productivité, surveillance à outrance (il y a des caméras partout et tout comportement en devient suspect), toutes les déviances de la société de consommation sont dénoncées en bonne et due forme. Mais malgré quelques scènes hilarantes, le cœur n'y est pas vraiment, d'autant que le film aligne allègrement les marques dont il dénonce les agissements. Dommage.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur