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Festival
Festival de Berlin 2023 : "Someday We'll Tell Each Other Eveything", romanesque à souhait
Compétition
SOMEDAY WE'LL TELL EACH OTHER EVERYTHING
(Irgendwann werden wir uns alles erzählen)
de Emily Atef
avec Marlene Burow, Felix Kramer, Cedric Eich...
Notre première impression sur le film :
"Someday We'll tell each other everything" est une adaptation du roman "Un jour nous nous raconterons tout" de Daniela Krien (2013), surtout connue en France pour "L'amour par temps de crise". Réalisé par Emily Atef, à laquelle on doit "3 Jours à Quiberon", subtile portrait d’une Romy Schneider tourmentée, et récemment "Plus que jamais", bouleversante histoire d'une jeune femme qui perd sa capacité à respirer, le film raconte la passion physique de Maria, 19 ans avec un homme d’une quarantaine d’années, Henner, qui vit isolé dans la ferme voisine de celle des parents de son petit ami, Johannes. Langueur de l’été, sensualité à fleur de peau, curiosité quasi adolescente, le destin romanesque de cette jeune fille plongée dans les livres (Marlene Burow, impeccable), se construit en contrepoint de celui de Johannes, plus intéressé par son futur d’étudiant en art, lui qui se passionne pour la photographie.
C’est donc à une sorte d’opposition entre le présent et l’immédiateté de la chair, et un futur que l’on prépare et que l’on choisit, que nous confronte la réalisatrice, sur fond de contexte mitigé de réunification récente des deux Allemagnes. La reconstitution est de ce point de vue intéressante, mettant chacun face à l’immensité des possibles d’une liberté d’aller à l’ouest (acheter un appareil photo comme le fait Johannes...), de choisir sa destinée, ce que la jeunesse semble seule capable de faire. À la crudité et au fond de brutalité des scènes de sexe répondent la douceur de l’été et des moments « en famille », qui deviennent au fil du récit un cocon mensonger. D’aspect volontairement daté, le film n’en propose pas moins un portrait sensible d’une jeune femme prête à se consumer dans la passion, quand celui qui l’a déjà connu s’en méfie forcément.