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Festival
Festival de Berlin 2022 : "Viens je t’emmène", ou Guiraudie en mode choral
Panorama
VIENS JE T’EMMÈNE
de Alain Guiraudie
avec Jean-Charles Clichet, Noémie Lvovsky, Iliès Kadri, Michel Masiero, Doria Tillier, Renaud Rutten, Philippe Fretun, Farida Rahouadj...
Notre première impression sur le film :
Alain Guiraudie est sans nulle doute un auteur français à part, jouant sur de petits décalages, pour mieux évoquer la liberté de chacun de disposer de son corps, d’aimer, de vivre sa sexualité, tout en traitant, en fond, mine de rien, de sujets politiques. Après deux films plus sombres qui l’on fait connaître du grand public notamment par leur présence à Cannes ("L’inconnu du lac", "Rester vertical"), le voici qui nous livre un film plus léger, autour d’un personnage de trentenaire amoureux (Jean-Charles Clichet, touchant) d’une prostituée au mari jaloux interprétée par Noémie Lvovsky. Une nouvelle occasion de mêler amour libre (le personnage est sujet d’attirance pour bien d’autres) et questions de sociétés (ici travail, immigration, sécurité...).
Avec pour contexte une ville de Clermont Ferrand dans laquelle règne la suspicion suite à un attentat ayant symboliquement eu lieu au pied de la statue de Vercingétorix, il fait se croiser les destins d’un jeune homme d’origine arabe sans domicile fixe, d’habitants d’un immeuble oscillant entre inquiétude et caractère accueillant, d'un concierge d’hôtel et son étrange jeune stagiaire, convoquant en permanence l’étrangeté, en maintenant des zones d’ombre ou des réactions décalées. Plutôt plaisant dans sa sorte de romantisme désenchanté, le film souffre cependant d’une conclusion où la surenchère de révélations rend le récit tout à coup un peu illisible. Mais le plaisir du verbe comme de la surprise est bien au rendez-vous.