Festival de Berlin 2014 : l'expérience ratée de Historia del miedo

Compétition
HISTORIA DEL MIEDO
(History of Fear)
de Benjamin Naishtat
avec Jonathan Da Rosa, César Bordón, Mara Bestelli, Claudia Cantero, Mirella Pascual, Francisco Lumerman, Tatiana Giménez...

Film argentin mettant le doigt sur les différences grandissantes entre classes aisées et parties les plus pauvres de la population, cette Histoire de la peur tente de nous mettre en condition, tout comme ses personnages principaux, en alignant une série d'images fortes, qui, doublée de tensions ordinaires et de frustrations, semblent naturellement porteuses de paranoïa. Mais la mise en scène de Benjamin Naishat n'a ni le brio de celle de Rodrigo Pla, dont "La zona" traitait déjà des communautés fermées, ni le caractère obsédant de celle de Juan Carlos Valdivia pour "Zona Sur", portrait d'une jeunesse dorée inconsciente de la misère qui l'entoure.

Un garçon qui se comporte bizarrement dans un fast food, l'apparition d'un jeune homme nu au milieu de la route, d'invisibles gamins qui jettent de la boue sur une voiture de police, tout concoure à installer un climat de crainte, tout en nous dirigeant vers la scène centrale du film (un repas interrompu par une panne de courant), seule véritable bonne idée du film, que le metteur en scène arrive cependant à gâcher, annihilant la tension qu'il a lui-même installé. Comment une simple panne de courant peut devenir source d'une panique incontrôlable ? Comment la paranoïa gagne-t-elle certaines couches de la population ? Sans originalité, "Historia del miedo" génère au final plus l'agacement que la peur, loin de la torpeur que pouvait susciter, sur la base du même principe, un film comme « Le temps du loup » de Michael Haneke.