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Festival de Berlin 2011: Semaine - The guard, Romeos, West is west et les autres

19 février 2011

Du coté de la compétition, "Our grand despair", film turc nous conte l'histoire de deux amis partageant un appartement, qui ont "toujours rêvé depuis leur enfance de vivre ensemble", qui doivent recueillir pendant quelques temps la jeune soeur d'un ami, suite à un terrible accident de voitures, dans lequel leurs parents sont morts. Le scénario se centre alors sur la naissance de sentiment chez chacun d'entre eux, envers cette jeune femme qu'ils sont sensés épauler. Le scénario est un rien hypocrite quand à l'homosexualité latente des deux personnages principaux, puisque bien sûr on nous dira qu'il ne s'agit pas ici de "sexualité", mais d'amitié fusionnelle bien virile. Reste que l'un regarde l'autres avec des larmes de bonheur dans les yeux, et que les habitudes du vieux couple sont plutôt confondantes.

Grosse déception avec "Come rain... come shine", également en compétition, par le réalisateur coréen de "Ad Lib Night", qu'on attendait plus original. Centrant son propos sur un homme et une femme en pleine séparation, il tente d'égréner, par un jour de forte pluie, les petits détails, les évènements anodins, qui feront que la femme aurait finalement envie de rester. Ce drame avec un grand D, commence par une longue, très longue, scène en voiture, l'homme conduisant sa compagne à l'aéroport et lui demandant si elle a quelqu'un d'autre. S'ensuit, la journée finale, interminablement développée, et permettant au spectateur de voir les souffrances et élans de l'un, face au mépris et à la fuite de l'autre. Sans grand style.

Après une ouverture plutôt réussie, introduisant le personnage principal, fils d'un écrivain maudit, enrolé par les nazis (Will Vesper), tueur de chats ("qui viennent de l'est et sont l'émanation du royaume des juifs"), "If not us, who ?" s'enlise progressivement, dans un récit personnel, sur fond historique. Pour son grand malheur, ce gamin persistera a vouloir tenir sa promesse: republier les écrits de son père. Le film aurait pu se contenter de développer cette partie de l'histoire, en restant centré sur l'édition, les humiliation et le rapport personnel à l'histoire ou à l'oubli. Malheureusement, le scénario donnera de plus en plus d'importance à sa compagne, qui se radicalise peu à peu et rejoindra la fameuse "bande à baader". Onse dit bien entendu en voyant le film, que les allemands s'essayent à la même vague que les films italiens de ces dix dernières années ("Nos meilleures années", "Mon frère est fils unique"...) qui évoquent l'Histoire par le prisme de destins familiaux. Mais ici, on ne sait plus très bien de quoi traite le film: de la libération sexuelle ? de la lutte contre les anciens nazis ? du pardon ? du gauchisme des années 60 ? Tout se mélange, avec un manque de hiérarchie évident, tout comme d'âme.

Même chose pour le film israélien "Odem" (Lipstikka) qui se déroule en Irlande. Celui-ci met en scène deux femmes, réunies par un passé qu'on devine vite amoureux, mais aussi de douloureux souvenirs au pays, évoqués par flash-backs récurrents. L'une semble harceler l'autre, vouloir lui nuire, mais on ne sait pas trop. Les scénaristes non plus ne savent pas trop, préférant au film lesbien sulfureux façon "Bound", un film d'intérieur aseptisé, dont la froideur anéantit la potentielle tension. Reste le jeux des deux actrices, qui pourrait bien valoir à la plus détraquée des deux, un peix d'inteprétation.

Présenté dans la section Panorama, on espérait que "Man at sea" ferait partie de cette nouvelle vague de films grecs déjantés, tels "Canine" ou "Attenberg", à l'humour si particulier. Mais nous ne sommes point ici face à une comédie. Le film de Constantine Giannaris est un film à forte résonance politique, l'histoire de réfugiés iraniens, irakiens et afghans recueillis sur un navire, pour le plus grand malheur du capitaine. Car la présence de ces jeunes gens à bord va semer le trouble, créer des conflits avec l'équipage, ceci d'autant plus que personne, à terre, ne semble vouloir d'eux. Malheureusement, le réalisateur appuie fortement son propros et a eu la mauvaise idée de doubler son récit d'un traumatisme personnel qui ne rajoute rien de particulièrement intéressant. Un film qui a cependant le mérite de parler d'immigration, de responsabilité et d'éthique.

Toujours coté Panorama, "The guard" est un comédie irlandaise irrésistible. D'abord parce que son scénario et ses répliques sont savamment dosées et d'une crudité jouissive, ensuite, parce" que le duo Brendan Gleeson (en flic raz du front) et Don Cheadle (en enquêteur du FBI un rien rigide) fonctionne à merveille. Cynique dans sa vision du métier, grossier, sans gêne, le personnage principal apparaît bien peu professionnel (il déplace les pièces à conviction, tate les couilles des morts...) et surtout c'est un raciste de première (il n'y a que les noirs qui font du trafic de drogue, il n'y a pas de gays dans l'IRA...). Un vrai régal de gaucherie, sur fond d'enquête et de règlements de compte entre gros bonnets, pour un film sympathique qui rentre dans le lard des clichés (et des irlandais).

"Invisible" est un drame israélien, traitant du viol et des séquelles qui peuvent subsiter des années après. Débutant comme un film politique attendu, par le tournage d'un documentaire autour des persécutions par les soldats de Tsahal sur des paysans palestiniens qui bravent l'interdiction d'accès à leurs terres pour la ceuillette des olives, le film bascule rapidement sur un autre terrain. Anciennne victimes du même violeur en série, "le violeur poli", la monteuse du film et l'activiste qui figure devant la caméra (Ronit Elkhabetz) se retrouvent à faire face à leur passé, à déterrer leurs démons, en cherchant à savoir ce qu'est devenu le fameux criminels, arrêté et jugé il y a vingt ans. Une oeuvre qui ne va malheureusement pas assez loin, délivrant bien peu d'émotion, mais qui dénonce les rouages de la justice et le traitement inégal entre hommes et femmes.

Autre film du Panorama, "Romeos", film gay allemand, sera sans doute l'un des favori des Teddy awards, qui fêtent cette année leurs 25 ans. Une jeune transexuelle, se fait chaque jour des piqures de Testostérone, et rêve de se voir enlevés les seins. En attendant, son apparence ayant changé, et son nom également, elle se fait passer pour garçon, étrangement accepté dans le pensionnat filles du service civil allemand. Lukas y retrouve l'une de ses meilleures amies, la seule à être au courant et fait bientôt connaissance avec Fabio, un bellâtre qui aime à jouer de son pouvoir de sédcution. "Romeos" est un film militant, et comme tout film militant, il pèche par excès de démonstration (les témoignages internet des difficultés rencontrées par ses sembables, l'engueulade dans l'ascenseur...), défendant notamment l'idée que le trouble du genre est une chose complètement séparée de l'homo ou l'hétéro - sexualité. Prônant la tolérance, le film transpire littéralement la sensualité, l'acteur interprétant Fabio étant remarquablement mis en valeur par la mise en scène raz des corps pourtant dûe à une réalisatrice.

Coté Forum, il est bien difficile de juger l'OVNI coréen "Self referential traverse: zeitgeist and engagement", film improbable, essai à la manière d'un film d'étudiant, durant à peine 1h13. Une oeuvre politique, qui commence tel un publi-reportage mis en scène à la manière d'un soap (avec rires enregistrés et exagérés), dénonçant le projet du présidant de créer un canal entre "4 rivières", pour le transport fluvial. Puis, au bout d'une dizaine de minutes, nous voici transportés dans les aventures de la mascotte géante de la police de Séoul (très manga), qui se bat contre des souris dévoreuses de polystirène et de bois. Le tout est de facture "amateur", et reste assez pénible à regarder.

Dans la section Generation Kplus (ici les films sont sous-titrés en anglais pour les adultes et doublé en direct dans la salle en allemand, ce qui vous oublige à prendre un casque pour n'avoir qu'une bande sonore), le dessin animé danois "The great bear" nous servait son message écolo un peu tiède. Cette aventure de deux frères et soeurs perdus dans la grande forêt et pris entre un ours géant (portant un bout de forêt sur son dos, histoire de mieux se fondre dans le décors) et un chasseur, ne passionne guère. Elle dispose cependant de personnages secondaires sympathiques (des grenouilles et des corbeaux) qui amuseront les plus petits.

Enfin, "West is west", présenté à Generation 14plus nous donne la sensation de revenir des années en arrière, avec un scénario traitant de la culture des immigrés pakisatanais en Angleterre.
On est bien sûr loin de "My beautiful laundrette", mais pas tant que cela de "Fish and chips", si ce n'est que le film prend rapidement le chemin du Pakistan, où se déroule les trois quart de son intrigue. D'une histoire centrée au départ sur le refus du fils d'accepter les coutumes de son père, sur son affirmation d'être anglais, le film bascule progressivement sur l'histoire du père (Om Puri, comme toujours drôle et touchant) et des conséquence de son départ du pays. Un film un peu démodé, mais culturellement intéressant.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur