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Cinéma

Festival de Berlin 2010 - Jour 6: Catherine Keener hésite entre prendre et donner

17 février 2010

Mardi 16 février 2010

BAL
(Honey)
de Semih Kaplanoglu
Vu le mardi 16 février à 9h00
Compétition (+2)

L'auteur de "Egg" et "Milk" ("Sut", en compétition il y a deux ans à Berlin) clos sa trilogie avec "Honey", le miel. Il nous permet d'accompagner un gamin appliqué à l'école, suivant chacune des règles que lui impose son père, avec lequel il affiche une complicité évidente, y compris au détriment de la mère. Conte des jours heureux et de la routine quotidienne, le film s'ouvre sur une scène d'accident, une branche cassant soudain, alors que le père tente de monter à un arbre, où se trouve une ruche. Nous laissant, comme son protagoniste, en suspend, le réalisateur égraine alors un à un les détails d'une enfance heureuse, faite de rituels: refus du verre de lait préparé par la mère, envol du faucon que le gosse suit jusqu'à l'école, récitation devant un père admiratif, et incapacité de véritable lecture devant ses camarades. La cruauté de l'histoire réside en la coincidence d'évènements certainement souhaités par l'enfant et de l'accident dont on attend le dénouement. De là à penser que l'on doit forcément payer un jour ses chances ou que même les mensonges bien-intentionés ont des conséquences, il n'y a qu'un pas que le scénario laisse le spectateur libre de franchir ou non.

PLEASE GIVE
de Nicole Holofcener
avec Catherine Keener, Amanda Peet, Oliver Platt, Rebecca Hall...
Vu le mardi 16 février à 12h00
Hors compétition (+2)

La réalisatrice de "Walking and talking" nous propose une sympathique comédie dramatique, qui interroge nonchalament chacun sur ses rapports à la mort et à la charité. Il est vrai qu'aux Etats Unis, la charité est une institution, un véritable buziness, qui permet à bon nombre de personnes de se dédouaner de leurs responsabilités ou de leur mauvais conscience, en filant un peu d'argent à une oeuvre, à un association ou directement à une personne dans le besoin. C'est justement ce que fait le personnage de Catherine Keener, loin de manquer d'argent, qui file des billets de 50 dollars aux mendiants. Mais sa compassion passera-t-elle le cap du bénévolat, quand il faut vraiment partager quelque chose, du temps, des paroles, avec des gens à la marge ? "Please give" est au final une comédie indépendante qui tient la route principalement grâce à ses interprètes, ses dialogues redoutables, et qui sait mettre le doigt où ça fait mal, le couple principal étant spécialisé dans la revente de mobiliers rachetés aux enfants de personnes décédées.

SHEKARCHI
(The hunter)
de Rafi Pitts
Vu le mardi 16 février à 16h00
Compétition (+1)

A Teheran, un homme voudrait bien travailler de jour dans l'usine d'assemblage de voitures qui l'emploi. Cela lui permettrait de voir sa femme plus souvent, celle-ci étant obligée de s'occuper de leur fille presque toute seule. Un soir, alors qu'il rentre de la chasse, il ne trouve aucune d'elle à la maison. Il se rend alors au commissariat, où on lui indique que sa femme a été tuée par une balle perdue lors d'une fusillade entre police et manifestants. Huit mois après les manifestations monstres ayant eu lieu en Iran lors des élections présidentielles, le sujet de ce film, clairement militant, est toujours fortement d'actualité. Rapidement laissée de côté, l'histoire purement familiale se mue d'abord en une vendetta contre les policiers dans leur ensemble, puis en chasse à l'homme. L'acteur principal fait preuve d'un stoÏcisme impressionnant, puisant au fond de lui une calme rancoeur qui ne laissera de place qu'à deux choix possibles: disparaître ou devenir soit-même "le monstre".Rafi Pitts se met ainsi lui même en scène, incarnant la souffrance d'un peuple face à un état policier, aux mains notamment de prétendus justificiers bien rapides à juger leur monde.

Egalement présentés ce jour:

NENETTE
documentaire
de Nicolas Philibert
Vu le jeudi 11 février à 13h30
Forum (0)

Nicolas Philibert ("Etre et avoir") présente dans la section Forum du jeune cinéma, un documentaire sur une femelle Orang Outang agée de 40 ans et résidant à la ménagerie du jardin des plantes de Paris. Filmant uniquement l'animal et ses semblables (dont son fils... né en captivité), il donne au spectateur à entendre les commentaires et interrogations des touristes ou des responsables du lieu, interrogés par divers médias devant l'enclos voué aux singes. Intelligemment, il amène le spectateur à prêter des sentiments et un ennui profond, à cette vieille dame qui passe son temps à se prélasser et à regarder dans le vide. Tout cela en contraste avec des soignants qui justifient son silence par sa nature d'ourang outang, loin des gesticulations des bruyants chimpanzés. Une solitude et une distance au monde, décrite avec force lenteur, et qui ne convaincra pas tout le monde, malgré une durée proche du moyen métrage (70mn).

L'ARBRE ET LA FORET
d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau
avec Guy Marchand, Françoise Fabian, Sabrina Seyvecou, Yannick Renier...
Vu à Drôle d'endroit pour des rencontres - Bron 2010
Panorama Spécial (+3)

Lire la critique de "L'arbre et la forêt" par Mathieu Payan

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur