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Cinéma
Festival de Berlin 2010 - Jour 3: Scorsese et Di Caprio en flux tendu, et la roumanie à l'honneur
Samedi 13 février 2010
IF I WANT TO WHISTLE, I WHISTLE
(Eu cand vreau sa fluier, fluier)
de Florin Serban
Vu le samedi 13 février à 9h00
Compétition (+3)
Silviu a 18 ans et il vit dans un camp de redressement avec d'autres adolescents. Son quotidien est fait de travaux physiques et de camaraderies viriles. Dans quelques semaines, il sera dehors, et la visite de son petit frère, lui apprenant que sa mère est revenue à la maison, va bouleverser ses derniers jours d'incarcération. Ce premier film roumain, présenté en compétition, mais également dans la section Generation a de quoi retourner les plus aguerris des spectateurs. Récit d'une mise sous pression d'un individu qui n'a plus qu'une perspective dans la vie, retrouver son frère, qu'il a lui même élevé, le film bénéficie à la fois de la vitalité enfantine de son protagoniste principal et d'une mise en scène qui sait ménager de espaces resserrés à des accès de tension voire de violence. Et cela donne lieu, lorsque les peurs du personnages finissent par s'exprimer, une insoutenable scène de parloir, ainsi qu'un dénouement où l'altruisme et la naïveté se mêlent en une logique qui a de quoi faire peur aux adultes irresponsables, ici montrés du doigt.
SHUTTER ISLAND
de Martin Scorsese
avec Leonardo Di Caprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Patricia Clarkson, Emily Mortimer...
Vu le samedi 13 février à 12h00
Hors Compétition (+2)
Presque toutes les têtes d'affiches ont fait le déplacement, à l'exception de Patricia Clarkson et Emily Mortimer pour accopagner la présentation du nouveau film de Martin Scorsese. "Shutter Island" se déroule en 1954, alors que débarque sur l'île deux US-Marshalls (Di Caprio et Ruffalo), sous des trombes d'eau. Cette humidité ambiante ne quittera pas la pellicule, l'eau s'avérant une composante importante du décors, dans lequel la nature se déchaîne à intervalle régulier, menaçant les deux justiciers sensés avoir découvert ici une sombre affaire liée à des expérimentations nazies sur les malades de l'hôpital psychiatrique situé sur l'île. Rapidement, l'on se doute que la réalité n'est pas forcément là où on l'attend, Scorsese utilisant les cauchemars de son personnage principal et les décors sombres des lieux pour faire monter la tension, sur fond de paranoïa et d'implication personnelle inattendue. Un film qui secoue, mais s'avère un rien trop vite prévisible dans son dénouement.
Conférence de presse de "Shutter Island"
2 questions à avec Martin Scorsese, Leonardo Di Caprio, Ben Kingsley, Mark Ruffalo, Michelle Williams, Bradley Fisher, Mike Medavoy et Arnold Messer
Journaliste:
Vous avez travaillé beaucoup ensemble... Qu'est-ce que vous aimez l'un chez l'autre ?
Leonoardo Di Caprio:
Tout acteur serait un idiot de ne pas sauter sur l'occassion de travailler avec lui. C'est un des réalisateurs les plus brillants qui existe. Il a un amour du cinéma tellement immense. Avec Marty, ça a été une progression constante. Cela fait 10 ans qu'on a commencé à travailler ensemble, et maintenant, avec le temps, on se fait confiance.
Martin Scorsese:
Cela fait en effet 9 ou 10 ans. Mais depuis "Aviator" et "Les infiltrés", nous avons été capable de pousser plus loin cette expérience. Je vois Léo se développer en tant qu'acteur (depuis Gilbert Grape je savais qu'il serait bon...), confirmer son talent. Avec ces grands acteurs, on aime forcément être alentour pour capturer cette évolution, quand cela se passe. La confiance est réellement la clé, et depuis "Gangs of New York", avec ce personnage si difficile, nous l'avons développée.
Journaliste:
Avez-vous demandé à vos acteurs de regarder des films des années 50, pour qu'ils s'inspirent de la manière de bouger, de parler, des acteurs de l'époque... ?
Martin Scorsese:
J'avais 10 ans en 1952. On peut dire que j'ai expérimenté les 50's, les secrets, la paranoïa due à la guerre froide. Je suis forcément influencé par cela pour ce type de film. Mais pour les références, je dirais qu'il fallait que le personnage de Leo ne regarde jamais les autres dans les yeux, faisant de lui l'un de ces "fantômes" qui hante l'hôpital. Bien sûr je leur ai conseillé de voir des films, de Tourneur pour le mystère, ou encore "Crossfire" ou "Let there be light", qui sont des références à voir, certainement. Mais j'ai dû surtout utiliser la nature même du cinéma pour ce film, tout un vocabulaire racontant cette histoire, qui vue à travers la tête de Teddy, fait forcément référence à des films ou infos de l'époque, qu'il aurait vus...
SUBMARINO
de Thomas Vinterberg
avec Jacob Cedergren, Peter Plauborg, Patricia Schumann...
Vu le samedi 13 février à 16h00
Compétition (+2)
Déchirante histoire que ce double portrait dressé par Thomas Vinterberg, auteur de "Festen". Débutant sous de rassurants et lumineux draps blancs, avec deux enfants baptisant un bébé, d'un nom trouvé dans le bottin, "Submarino" bascule vite dans le drame avec la mort du nourrisson, traumatisme qui suivra toute sa vie l'ainé, vivant désormais à la marge dans un refuge. Le réalisateur danois décrit la tentative de survie d'un traumatisé, incapable de s'attacher à une femme et de sortir d'une accumalation de cadavres de bouteilles de bières qui jonchent son appartement. Puis il s'engouffre dans la déchéance du deuxième frère, malade et incapable de s'occuper de son propre enfant. Entre les deux un point commun: vouloir bien faire les choses. On saluera l'interprète principal, stoïque et avare en paroles, dont l'intérieure souffrance transparaît en des moments où la déception semble lui transpercer ce qui lui reste de coeur.
Egalement présentés ce jour:
KANIKOSEN
de Sabu
Vu le jeudi 11 février à 15h15
Forum (+1)
Film bargeot et politique, "Konikosen" décrit les envies de rebellion d'un groupe d'hommes japonais, travailleurs forcenés sur un chalutiers depuis lequels ils pèchent, cuisent et conditionnent du crabe. Situé dans un contexte de guerre idéologique ou réelle entre l'empire du soleil levant et la Russie, cette parabole appuyée sur la lutte des classe est sauvée par quelques idées loufoques de mise en scène, donnant à voir les naïfs rêves d'oisiveté des ouvriers, et par une noirceur réjouissantes. Doté d'un humour aussi noir que les couleurs utilisées pour le décors de ce vaisseau poisseux, le scénario s'offre quelques changements de ton déstabilisant et scènes délirantes comme une tentative de pendaison collective avortée pour cause de tanguage ou une scène de danse hystérique côté russes. Venu d'un pays où le travail est roi, cet appel à la révolution sans leader est assez perturbant.
LA PIVELLINA
de Tizza Covi et Rainer Frimmel
Vu à Cannes 2009
Generation Kplus (+2)
Lire la critique de "La Pivellina" par Olivier Bachelard
YUKI ET NINA
de Hippolyte Girardot et Nobuhiro Suwa
Vu à Cannes 2009
Generation Kplus (+1)
Lire la critique de "Yuki et Nina" par Mathieu Payan