Festival d'Annecy 2021 : "Petit moutard" film culotté sur la xénophobie

Compétition officielle
PETIT MOUTARD
(Rotzbub)
de Marcus Rosenmüller et Santiago López Jover
avec les voix de Markus Freistätter, Gerti Drassl, Mario Canedo…

Notre première impression sur le film :

Petit moutard est un film culotté niveau rendu graphique. En images de synthèses, ses personnages ne sont en effet pas faits pour être beaux mais pour être réalistes. La première chose qu’il découvre d’ailleurs, en tant que nouveau né, est à cette image : le visage extrêmement laid d’une sage femme et ses ciseaux à la main. Une manière sans doute de l’introduire à la violence du monde qui l’attend, dans l’Autriche ou l’Allemagne des années 60. Dans le design de leurs personnages, Marcus Rosenmüller et Santiago López Jover donnent en effet à voir aussi bien les boutons, les rides, les cernes, que les bouches tordues ou les visages asymétriques. Petit moutard renifle, a la goutte au nez, et tire la langue en dessinant (sa passion). Et il faut bien l’avouer, rentrer dans ce monde aux détails si réalistes demandera un effort à tous les habitués que nous sommes des films Disney ou du Star System.

Au delà de cela, le métrage traite avec intelligence de la persécution des étrangers (ici le jeune homme fantasme sur une jeune gitane dont la mère vend des tissus...), et notamment de la persistance des pulsions totalitaristes dans les sociétés allemande ou autrichienne. Doublée d’une ode à la création artistique et à la prise de risque, cette histoire séduit grâce notamment aux irruptions soudaines des « visions » du personnage principal, enjolivant un monde bien laid, que seule la jeunesse semble à même de changer.

Voir le teaser de "Petit Moutard" :