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Festival d’Annecy 2020 : Jours 6 et 7, le très beau "7 Jours", le flippant "Beauty Water", et les courts jeune public

23 juin 2020
Festival d'Annecy 2020 Jours 6 et 7 Beauty Water
© SSAnimNet Inc.

Étrange édition que ce Festival d’Annecy 2020. Voilà que les remises des prix ont eu lieu vendredi et samedi soir dernier via la chaîne Youtube du festival, et que l’on va continuer à vous faire découvrir les programmes les uns après les autres, ceci pendant presque 10 jours. Les contenus restent donc disponibles jusqu’au mardi 30 juin et s’enrichissent même de nouveaux WIP (Work In Progress).

Le distributeur Eurozoom nous a permis de découvrir en fin de semaine dernière, le très beau "7 Jours" ("7 Days War"), histoire d’un lycéen amoureux de sa voisine, qui est aussi sa camarade de classe. Fille de député, celle-ci doit déménager et l’embarque avec d’autres amis dans une fugue de 7 jours, précédant son anniversaire. Installé dans un bâtiment lié à une mine abandonnée, leur séjour va se transformer en une bataille visant à aider un jeune clandestin thaïlandais à la recherche de ses parents. Avec ce sujet de l’immigration en fond, comme celui de la fermeture des mines, le film, en animation 2D traditionnelle, embrasse à la fois les rêves et les valeurs d’une jeune génération, la relation aux réseaux sociaux et à l’internet, et la peur de devenir adulte. Une histoire multi-facettes qui oscille entre action teintée d’inconscience et émotion.

Autre cadeau en cette fin de première semaine : le réalisateur coréen Cho Kyung-Hun nous a organisé un visionnage de "Beauty Water", formidable thriller d’anticipation, dans lequel une maquilleuse, régulièrement humiliée pour sa laideur et son surpoids, se laisse tenter par un produit miracle pouvant la rendre belle. Doté de multiples rebondissements, le scénario surprend autant dans son approche de l’évolution d’une héroïne au départ résignée, que dans les divers secrets qu’il convoque. Réflexion intelligente autour du pouvoir de la beauté, ce film dont la complexité rappelle celle du "Perfect Blue" de Satoshi Kon, parlera autant aux amateurs d’histoires d’émancipation qu’aux amateurs de thriller teinté de fantastique.

Dernière découverte de ces deux jours, le Programme de courts-métrages jeune public, qui rassemblait cette année 10 films. Deux films sont clairement sortis du lot, l’israélien "Cinéma Rex", rencontre d’un fils de projectionniste juif et d’une fille de spectatrice plalestinienne dans le Jérusalem de 1938, dont les couleurs chaudes et la bienveillance marquent profondément, et "Matilda ir atsargin ? Galva", film fantastique et fantasque en stop motion, venu de Lituanie, dans lequel alors qu’une écolière voit sa tête bugger à force d’être trop remplie, sa mère lui en commande une autre par internet. Rire garanti pour un film qui fait tout de même réfléchir sur l’éducation et le désir des parents de voir leur progéniture friser le génie.

Deux autres films ont quant à eux un peu déçu. Il s’agit de "Nature", présenté dans la collection "En sortant de l'école", dont la qualité de l’animation en stop motion faite d’éléments végétaux (brindilles, coques, cosses…) ne compense pas la déroutante brièveté (du film comme du texte de Jean Tardieu), et de "Aimer et suivre", sympathique mais anecdotique clip en images de synthèses dont le concept (un gamin traîné en laisse par son portable…) aurait mérité un développement plus important, mais procure quelques beaux éclats de rire.

Parmi les autres, "Teplaya Zvezda" déploie toute sa douceur autour de deux enfants jouant avec une étoile éteinte, lâchée par le hibou qui s’occupe de leur entretien dans le ciel. Un petit moment de poésie, aux couleurs rassurantes, esquissé à la manière des pastels grasses. "Archie" développe la notion de souvenir au travers du voyage mouvementé d’un chien se rendant dans sa maison d’enfance. Un film en stop motion plutôt émouvant. "Reven Og Nissen" vante les mérites du partage et de l’entraide, alors qu’un renard cherchant à manger rencontre un lutin, après s’être fait malmener par les vaches et les poules de la ferme. Une animation en image de synthèse pour un conte moral rassurant. "The eleventh step" ("Ghadameh Yazdahom") s’intéresse, au travers d’un commentaire d’un journaliste en voix-off, au destin d’un petit lionceau né en captivité et soudain disparu. La technique de papier articulé sied parfaitement au ton nostalgique de ce film iranien. "The Girl Bird" ("Devochka Pitchka"), en 2D couleur alliant crayon et peinture, suit une petite fille malade se sentant pousser des ailes alors qu’elle espère pouvoir ressortir. Sobre et efficace. Enfin, "Boriya" propose sur 17 minutes, dans un dessin épuré aux couleurs estompées, de suivre une petite fille flânant autour d’une rivière, devenant potentiellement source de danger. Un film contemplatif, en forme d’ode à la vie, parfait pour rêver à l’été.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur
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