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Festival d’Annecy 2020 : Jour 4, un trognon "Petit Vampire", le politique "True North" et les premiers Work In Progress
Quatrième journée et déjà le palmarès de samedi prochain se rapproche à grands pas. Entre courts, longs métrages et WIP (work in progress), on ne sait plus réellement où donner de la tête. Mais en cette journée de jeudi, nous devons un grand merci à StudioCanal, qui nous a permis de découvrir, dans de très bonnes conditions, le très attendu film de Joann Sfar, "Petit Vampire", dont la sortie salle est prévue pour le mois d’octobre prochain.
Après une scène d’ouverture expliquant comme le fils de Pandora est devenu un petit vampire de 10 ans d’âge éternel, nous voilà projetés 300 ans plus tard, alors que celui-ci s’ennuie, enfermé dans sa demeure et le jardin qui l’entoure, souhaitant aller à l’école et se faire des amis « de son âge ». Loin des musiques de films d’horreur, la partition adopte des sonorités du midi, tout comme le chien, fidèle ami du petit garçon prend un accent ensoleillé, et direction Antibes, dont les plus belles vues ont été soigneusement mises en valeur. Le graphisme est certes plus lisse que celui des bandes dessinées mais gagne en harmonies colorées, les sbires du méchant amusent jusque dans leurs surprenants derniers élans, les hommages au cinéma (horrifique) font plaisir à voir, et l’humour joue délicieusement sur les mots… Et surtout l’intrigue de "Petit Vampire" transcrit bien à la fois le désir de grandir, le besoin d’amitié, les petites désobéissances mais aussi l’inconscience de jeunesse, l’envie que les gens différents puissent parfois l’emporter, et surtout la nécessité de ne pas oublier cette époque enchantée de la vie.
Dans la section Contrechamp, "True North" avec une animation numérique donnant des aspects anguleux aux visages et corps (un effet réussi, mais qui surprend au départ), raconte avec une certaine malice l’histoire d’un homme échappé de Corée du Nord douze ans auparavant. Décrivant initialement comment toute une famille se retrouve en camp, le film se centre progressivement sur le fils, sa sœur, et un ami. Il entre peu à peu dans le détail des humiliations, des travaux forcés (la découverte de la mine de charbon fait l’objet d’un ensemble de plans sidérants…), des célébrations forcées, jusqu’à s’intéresser aux violences physiques et aux plans d’évasions d’une partie des prisonniers, revêtant ainsi des aspects épiques, avant une scène finale qui recadre tout à coup le récit. Un témoignage indispensable, que l’animation adoucit autant qu’elle le rend réaliste.
Terminons par un aperçu de trois longs métrages en Work in Progress, dans trois styles complètement différents. Parmi les films qu’on pourrait voir en 2021 au festival figure "Interdit aux chiens et aux Italiens" (libellé des pancartes accueillant les migrants italiens fuyant le fascisme de Mussolini), dans lequel Alain Ughetto, réalisateur de "Jasmine", raconte le destin de son grand-père Luigi, conté par Gérard Meylan, Ariane Ascaride prêtant sa voix à la grand-mère. Un film en forme de recherche sur un passé familial, auquel l’animation en stop-motion confère visiblement une teinte nostalgique. La vidéo WIP montre d’ailleurs le passionnant travail sur la création et les possibles expressions des figurines, ainsi que le choix des tissus et la confection des garde-robes. Autre projet français, celui de "Sirocco et le Royaume des Courants d’Air" signé Benoît Chieux (co-réalisateur de "Tante Hilda !"), avec Alain Gagnol ("Une vie de chat", "Phantom Boy") au scénario. Suivant deux petites filles projetées dans le monde imaginaire inventé par une femme dont la sœur a disparu, le film est prévu pour 2022. Les premières planches laissent présager d'un monde coloré et merveilleux, aux créatures étranges ayant des formes arrondies et douces. Quant au pilote, présenté en fin de vidéo, il laisse moins voir le méchant Sirroco, que l'imposant déclencheur de tempêtes qui malmène ce monde. Un projet intrigant qu'on a envie de suivre.
Enfin, les quelques bribes dévoilées du nouveau film du réalisateur japonais Masaaki Yuasa, présent l’an dernier avec "Ride your wave", et lauréat du Cristal avec "Lou et l’île aux sirènes" nous auront laissés un peu sur notre faim. Si l’on a bien compris que "Inu-Oh" porterait sur un joueur traditionnel de Noh (un instrument à cordes ancestral) du 14è siècle, atteint d’une malédiction qui l’oblige à porter un masque, finalement très peu de dessins du film auront été visibles. De quoi attiser cependant la curiosité, avec extrait au graphisme mouvant à gros traits de peinture, et une scène de danse « enflammée » des plus marquantes. À suivre donc.