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Festival d’Angoulême 2020 : un premier jour sous le feu de l'actualité
C’est certes sous le signe des mesures de protections sanitaires (masque pour voir les films + distanciation) que s’est ouvert le festival du film francophone d’Angoulême 2020, accompagné du discours du Premier Ministre focalisé plan de relance (dont 2 milliards d'euros pour la culture), et de la Ministre de culture Roseline Bachelot. Mais c’est surtout avec des milliers de spectateurs, remplissant les salles à quasi ras bord (tout en respectant la jauge), heureux de découvrir le meilleur des films français des 6 prochains mois voire plus, que la ville s’est réveillée, dès 10h du matin jusqu’à l’ouverture en soirée, autour du très incisif "Effacer l’historique", en présence de Kervern et Delépine, réalisateurs, et de leurs actrices Blanche Gardin et Corinne Masiero, ceci dans 9 salles différentes en simultané, dont le Théâtre de la ville où avait lieu la cérémonie.
Des équipes de film au rendez-vous
Les indicateurs étaient donc au vert pour cette première journée de ce premier grand Festival ciné d'après confinement, qui s’est terminée dans les nombreux restaurants des rues piétonnes de la ville. Patrick Timist (qu’on verra dans "Poly"), Emmanuelle Béart ("L’Étreinte"), Emmanuel Mouret ("Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait"), Vincent Dedienne ("Parents d’élèves"), Samir Guesmi ("Ibrahim") étaient déjà de la fête. Quant aux films que nous avons pu voir, ils ont été présentés par leurs réalisateurs : "Garçon Chiffon" par Nicolas Maury (qui joue également le rôle principal), "Un triomphe" par Emmanuel Courcol et "Éléonore" par Amro Hamzawi (frère de son interprète Nora Hamzawi).
"Garçon Chiffon", un impressionnant premier film
Nicolas Maury s’est donc donné le premier rôle de son "Garçon Chiffon", surnom que lui donnait tendrement sa mère (Nathalie Baye) chez qui il est contraint de retourner quand son mec le plaque... Portrait sensible et complexe d’un jeune acteur, névrosé et jaloux, que tout le monde semble rejeter, le film recèle à la fois des trésors de comédie (le début, entre Association des Jaloux Anonymes et séance chez le psy, est particulièrement réussi), une bonne dose d’émotion (on s’attache irrémédiablement à cet homme qui voudrait désespérément être aimé) et de fantaisie, quelques chansons venant colorer le film d’une certaine nostalgie. Il y aura d’autres séances et on ne saurait que trop vous le recommander.
Voir la bande annonce de "Garçon Chiffon" :
Voyage hors normes loin des barreaux avec "Un triomphe"
Kad Merad parvient à transmettre les frustrations et rêves de son personnage d’acteur acceptant de remplacer un collègue pour enseigner le théâtre à des détenus. Adapté d’une histoire vraie s’étant déroulée en Suède au milieu des années 80, ce parcours d’un groupe de 5 acteurs en herbe adaptant une comédie absurde dont le thème central est l’attente ("En attendant Godot") surprend au final par son cheminement (dévoilant les motifs des uns et des autres) comme par son dénouement. Un long métrage labellisé Cannes 2020 qui pourrait connaître un vrai succès en salles, grâce à son équilibre entre film social et comédie.
"Éléonore", un sympathique portrait qui nous laisse un peu sur notre faim
Porté par la formidable Nora Amzaoui (chroniqueuse dans l'émission "Quotidien", actrice dans "Alice et le Maire"), "Éléonore" est l’histoire d’une jeune femme complexée qui enchaîne échec sur échec, à qui l'on trouve un boulot dans une maison d’édition spécialisée entre autres dans les romances érotiques. Si les maladresses liées à son stress entraînent des échanges au tac au tac réussis, ou quelques saillies amusantes, si l’on croit progressivement à sa relation bancale avec son patron, les personnages de la sœur et de la mère restent trop caricaturaux pour entraîner une adhésion totale. Reste tout de même la formidable actrice principale, capable d’osciller entre abattement et surexcitation, naïveté et lucidité.
Voir la bande annonce de "Eleonore" :
Voir également la critique du film d’ouverture : "Effacer l’historique"