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INTERVIEW

LES PETITES VACANCES

Olivier Peyon

Réalisateur

Vous avez d’abord fait plusieurs courts-métrages. Evidemment ça ne fait pas vivre un homme : comment faites-vous ?

Je fais des sous-titrages et des doublages. Un peu moins ces temps-ci mais je continue. C’est mieux payé qu’écrire un scénario ! A un moment, j’étais assistant d…

© Raphaël JULLIEN

Vous avez d’abord fait plusieurs courts-métrages. Evidemment ça ne fait pas vivre un homme : comment faites-vous ?

Je fais des sous-titrages et des doublages. Un peu moins ces temps-ci mais je continue. C’est mieux payé qu’écrire un scénario ! A un moment, j’étais assistant de production et même un peu assistant réalisateur mais j’étais nul pour ça ! Et j’ai rencontré un réalisateur anglais qui essayait de lancer son petit film et qui m’a demandé de travailler avec lui pour le doublage de son film : c’était "4 mariages et un enterrement" ! Mon équipe a donc bénéficié du succès du film, et donc on a continué. On a notamment fait les films des frères Coen et dernièrement "Le vent se lève" de Ken Loach.

D’où vous est venue l’envie de faire du cinéma ? Quelles sont vos influences ?

C’est venu petit à petit, vers 20 ans. Avant je voulais être journaliste, cuisinier… J’ai perdu énormément de temps à ne pas oser. On se dit souvent que ce n’est pas faisable. Mes références, ce sont les films d’horreur américains ! Comme "Psychose". Pour l’arrivée dans la colo, j’avais "Le Village des damnés" en tête ! Le plan où ils disent « mamy qu’est-ce que tu fais ? », j’avais « Zombie » en tête ! Sinon dans mes influences, il y a Mankiewicz, Sautet…

Avez-vous un projet de film d’horreur avec de telles références ?

Je ne suis pas contre mais je trouve plus intéressant de faire un film comme ça avec des références de films d’horreur ! Pour l’instant j’écris une comédie… mais quand je dis que j’écris une comédie, ça dérape tout de suite !

Vous êtes-vous inspiré de vos rapports avec votre grand-mère pour écrire ce film ?

Non, je me suis plus inspiré de ma mère qui est aussi un peu pédagogique. Elle va péter les plombs en voyant le film ! Une spectatrice à Londres me disait que le rôle de la grand-mère était peut-être un peu cliché mais pour moi le cliché de la grand-mère c’est plus Denise Grey dans "La Boum" ! Là, elle n’a pas de rapport avec sa petite-fille pendant une bonne partie du film. Elles n’ont une certaine complicité qu’à la fin du film.

Diriger Bernadette Lafont, c’était difficile ?

C’était l’enjeu du film ! Bernadette est vraiment vivante, elle est « rock’n’roll » des fois ! A la lecture du scénario, elle détestait son personnage, elle le trouvait trop niais ! Elle disait « on va aimer le film et pas le personnage » ! Le tournage a été très éprouvant pour elle car je lui demandais des choses dont elle n’avait pas l’habitude et cela faisait 30 ans qu’elle n’avait pas eu de premier rôle comme ça ! C’est elle qui conduit dans le film – on n’avait pas de voiture-travelling – alors qu’elle n’avait pas conduit depuis 20 ans : la dernière fois c’était avec sa fille, elle avait eu un accident et s’était juré de ne plus jamais conduire ! Et puis elle a un vrai sens du comique, elle adore en faire des tonnes et s’amuser, elle n’a pas l’habitude de ce genre de rôle. Par exemple, elle ne pleure pas d’habitude. Pour la scène des toilettes, elle ne joue pas, elle est allée chercher quelque chose au fond d’elle. En vrai, cette scène de pleurs dure 5 minutes ! Donc elle est très fière du film.

Avec Claire Nadeau, vous avez deux comédiennes de comédie. C’est un hasard ?

Oui c’est un hasard ! Je n’avais pas d’a priori. Claire est formidable dans ce rôle, je trouve !

Et pour les enfants ?

J’ai travaillé avec Cristel Baras pour le casting car j’adorais son travail. C’est une spécialiste des castings enfants qui a fait "Les Diables", "Ponette"… J’avais peur de ne pas y arriver mais elle m’a rassuré. Pour le petit Lucas, ce fut une véritable découverte. Je voulais un enfant de 6 ans, Cristel me disait que c’était trop jeune mais comme j’insistais, elle m’a présenté un enfant de 6 ans pour me prouver que c’était impossible. C’était Lucas Franchi et je n’ai finalement vu que lui en casting ! Sur le tournage, il était triste les jours où il ne pouvait pas tourner (à cause des conventions de tournage pour les mineurs). Pour Adèle, c’était encore différent parce qu’elle avait déjà tourné deux films ("Arsène Lupin" et "La Maison de Nina") donc elle avait une petite expérience. Mais ce n’était quand même pas facile car c’est une ado… comme dans le film ! Donc des fois, on avait droit à des débriefings les soirs !

Pour la scène du camp d’ados, c’est réussi alors que d’habitude, ce genre de scène est un peu casse-gueule !

C’est ma partie préférée mais il y en a qui se font chier dans cette partie. Je me suis amusé avec eux. C’est des gamins du village qui ne se connaissaient pas. On ne savait pas comment s’en sortir, en plus on avait peu de temps. Pour la scène des gros mots, je cherchais à trouver ce qui les interpellait. Ca a fonctionné !

Vous voyez une fin optimiste ?

Moi oui ! C’est selon qui tu es et comment tu vois les choses ! Certains pensent qu’elle va se suicider, d’autres qu’elle va rejoindre Brasseur, d’autres encore qu’elle a juste besoin de réfléchir. Pour moi, une crise est quelque chose d’optimiste. Le fait qu’elle arrive à partir, à laisser ses petits-enfants, c’est positif !

Quelle est la réaction des femmes à la vision du film ?

Elles sont super bonnes ! Certaines me disent « mais comment des garçons ont pu écrire ça ?! » J’avais peur que les féministes aiment le film mais j’ai reçu des lettres intéressantes de féministes. Les hommes, il y en a qui n’en ont rien à foutre du film et d’autres, notamment des hommes de 40 ans divorcés, qui se sont rendus compte qu’eux-mêmes n’étaient pas très cool et ont appelé leur mère après le film ! Pour les petits, la grand-mère est méchante. Ils ne comprennent pas ses enjeux à elle.

Les réactions sont donc très variées…

Oui. D’ailleurs c’est un problème pour les distributeurs qui recherchent toujours une cible : il n’y a pas vraiment de cible précise pour ce film ! Du côté des critiques, elles sont aussi variées et parfois surprenantes.

Raphaël Jullien Envoyer un message au rédacteur

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