INTERVIEW
LA FACE CACHÉE
Bernard Campan
Réservé, visiblement un rien inquiet, Bernard Campan avoue d’emblée, après avoir réalisé avec ses amis Les inconnus, avoir eu envie d’un film rien qu’à lui. Il indique s’être pris de passion pour l’écriture, en commençant par quelque chose de très extérieur à lui, pour ensuite aller ver…
Réservé, visiblement un rien inquiet, Bernard Campan avoue d'emblée, après avoir réalisé avec ses amis Les inconnus, avoir eu envie d'un film rien qu'à lui. Il indique s'être pris de passion pour l'écriture, en commençant par quelque chose de très extérieur à lui, pour ensuite aller vers des éléments plus personnels. Ce qui explique le temps relativement long nécessaire à la concrétisation de ce projet. Peut-être également parce que la logique interne est nécessaire, et qu'elle n'apparaît qu'avec le temps, comme avec ces étagères que le héros monte, et qui deviennent un élément dramatique vers la fin.
Admiratif du cinéma des frères Dardenne, Bernard Campan admet s'être éloigné de ses autres films et de la comédie. Il faut dire qu'il a découvert entre temps l'univers de Zabou (« Se souvenir des belles choses »), d'où une certaine envie de se concentrer sur les sensations d'un personnage, sans repères préétablis. Plus qu'un autoportrait, « La face cachée » lui paraît être un film personnel, subjectif. Aucune scène n'est filmée sans le regard de François, son personnage, et sa vision de la vie est en pleine évolution, il découvre des métaphores (le torrent, l'avion) mais aussi la futilité de la vie.
Volontairement, il a concentré le récit sur les week-ends. Il n'a pas voulu parler des métiers des personnages, ce qui pouvait paraître bizarre à certains, à la lecture du scénario. Mais choisir un métier revient selon lui à s'éloigner de l'humain. Il s'agit ainsi, comme pour le reste, de mieux cacher pour mieux révéler. Et le montage l'a aidé à faire cela. Mais le film n'aurait pas pu exister sans sa chute. L'intéressant étant de le regarder une nouvelle fois en sachant. Il apprécie particulièrement cette idée du double regard du spectateur, l'un en sachant, l'autre sans savoir. Cela permet de pointer l'urgence qu'il y a à être heureux.
Pour interprété le rôle principal, il avoue avec amusement n'avoir pas pensé à un autre acteur (rires). Car il savait que ça allait être simple, du fait d'une certaine proximité psychologique. Ceci même si son personnage n'est pas drôle. Il le qualifie d'ailleurs de risible. Et même s'il est conscient que les spectateurs le ressentent comme très « noir », il conclue en espérant qu'il ne s'est jamais totalement éloigné de l'humour.
Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur