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INTERVIEW

ANIMAL

Cyril Dion

réalisateur

Cyril Dion est venu au 30e festival de Sarlat mi-novembre présenter son nouveau documentaire intitulé « Animal« , qui tente de replacer l’espèce humaine parmi les autres et non comme une espèce dominante. Un film où il accompagne deux jeunes de 16 ans, une anglaise et un français, à la rencontre de diverses personnes impliquées dans la sauvegarde de la planète ou l’exploitation animale.

Entretien Interview Rencontre Cyril Dion réalisateur du film Animal
© UGC Distribution - Orange Studio

Une jeunesse impliquée, mais qui se doit de devenir moins dogmatique

Travailler avec des jeunes redonne de l’énergie. À 16 ans, comme les deux jeunes qu’il accompagne, « on a un élan qu’on perd parfois », « on est dans une urgence » qui est quelque part un nécessaire aujourd’hui. Mais à cet âge on peut être parfois un peu dogmatique, un aspect de personnalités « qui a besoin d’être métissé ».

Vipulan faisait « partie de la génération des jeunes pour le climat ». Bella, elle, était concentrée sur la protection des espèces, et il l’a contactée via Twitter. Il ne s’agissait cependant pour lui de « ne pas faire un film qui glorifie les adolescents » mais qui « les confronte à la complexité du monde ». Selon Cyril Dion, « on ne peut pas se reposer sur eux ». Ils peuvent certes nous bousculer, mais « ce sont ceux qui sont au pouvoir qui doivent agir ». Et le symbole et l’histoire sont importants. Il cite d’ailleurs à ce propos la COP 26, indiquant que « certains ne font aucun effort ». Boris Johnson aurait pu notamment s’y rendre en train et il y aurait pu y avoir une offre vegan plus forte en terme de restauration.

Une critique probable sur le fait de voyager loin

En réalisant un film, où les protagonistes voyagent aux quatre coins de la planète pour voir des expériences et rencontrer des gens, le réalisateur savait qu’il s’exposait à certaines critiques, concernant ces voyages, notamment en avion. Mais il y avait selon lui « une balance réelle entre le coût des voyages et ce que pouvait amener le film ». Bella l’exprime très bien à un moment d’ailleurs, en indiquant qu’ « on se sent tous plus ou moins hypocrites ». Mais il ne s’agit pas selon Cyril Dion que chacun fasse « son petit concours de pureté individuel ». Le problème, comme le montre le film, est « un problème structurel ». C’est « un monde qui nous pousse à des comportements », un monde qui est construit pour la voiture.

Trop tard pour stopper l’extinction de masse ?

Selon lui « il n’est pas trop tard pour sauver certaines espèces ». Les populations sont parfois suffisantes pour assurer leur survie. Mais « il faut décider d’agir maintenant ». Le problème en ce moment est que « l’extinction se produit de manière accélérée ». « Les taux de disparition sont entre 100 et 1000 fois ce qu’ils devraient être ». Et la cause est humaine... donc il est nécessaire de faire le lien sur l’interdépendance. C’est là tout le sens de l’intervenant au Kenya, avec l’image du mur. Il s’agit de « changer de direction » avant de le percuter. En réalité « on scie la branche sur laquelle on est assis ».

La rencontre avec l’éleveur de lapins

Interrogé sur le fait qu’il savait que lorsque les jeunes allaient rencontrer l’éleveur de lapins, ceux-ci allaient le juger sévèrement, Cyril Dion explique que celui-ci avait été informé, la veille lors du dîner, que les deux adolescents étaient vegans. Mais l’homme « souhaitait alerter sur la condition des éleveurs », il voulait faire passer des messages, même s’il savait que les deux enfants ne seraient pas d’accord avec lui. L’équipe lui a d’ailleurs montré le film depuis, cela « s’est bien passé et il reviendra pour l’avant-première parisienne ».

Le dialogue sur la question de l’élevage est fondamental, même à Sarlat, au pays du canard. Il doit à la fois porter sur le « bien-être animal », mais aussi sur « notre relation à un monde productiviste ». L’éleveur lui-même « est prisonnier d’un système » et la séquence est d’ailleurs construite pour qu’on comprenne cela. Il y a une inégalité évidente entre les lobbys privés industriels et les lobbys associatif type O.N.G.. Et les citoyens réclament avant tout que les personnes une fois élues tiennent leurs promesses.

Si lui consomme « un peu de viande et de poisson », après avoir été végétarien mais pour des questions de problèmes de santé, il souligne que le dialogue des deux jeunes avec le philosophe expliquant le cycle du vivant était fondamental. Car le cycle du vivant est fait de morts et de vies, et donc s’ils refusent qu’un animal soit tué, « c’est refuser le cycle du vivant ».

Des efforts qui dépendent des pays

Sans revenir sur la COP 26, si le documentaire présente comme dirigés par des femmes les quatre pays ayant fait de la santé une priorité, Cyril Dion précise que ce sont de plus petit pays, plus homogènes, et avec des qualités démocratiques avérées. Il revient d’ailleurs sur un discours récent d’Emmanuel Macron, pour souligner la contradiction entre le plus de croissance et les aides d’urgence attribuées à tout va.

Le film, au final, propose de replacer la croissance économique comme un moyen et donc d’affirmer un changement de direction pour notre société. Et la perspective pourrait donc être d’enrichir ou de régénérer la vie.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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