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INTERVIEW

VOISINS VOISINES

© Olivier Bachelard

Lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi de mettre en toile de fond de son film, le rap, sur lequel il insiste à la fois dans sa note d’intention et sur l’affiche du film, Malik Chibane précise que tout le film part en fait d’une ville. Il s’agit d’un hommage à Sarcelles, commune où le rap occupe une place très importante, et a de véritables retombées économiques et sociale. Il y a même un label qui s’est créé sur place. Dans Voisins Voisines, le rappeur raconte une histoire, c’est un peu, selon lui, un conteur antique. Le principe est le même que pour le hip hop, sensé aspirer la vie et la reccracher. Au travers de ses chansons, il révèle les personnages habitant l’immeuble, de même que son personnage crée le lien, en fracturant une porte.

Il ne définit pas son film comme un lon,g métrage sur le rap. Il a plutôt voulu filmer la culture urbaine en rapport avec ce chant. Le rappeur est quelqu’un qui écoute les autres, et qui sent les choses. A la différence de « Dans tes rêves », film qui ne voulait pas aller dans la direction des mécanismes de l’inspiration, Voisins Voisines explore cette piste. De nombreux techniciens ont travaillé sur les sons, le beat. Il fallait essayer de rentrer dans la tête du rappeur, en allant jusqu’au bout. Ainsi a-t-il décidé de marier deux types de paroliers, entre pousseur de chanson française et slameur de Sarcelles. Il a fallut travailler sur les mots, et Jackie Berroyer, qui a co-écrit le scénario souhaitait sous-titrer les raps, de manière à les rendre plus accessibles, car le fait que la basse soit devant la voix (et non l’inverse comme au rock), les rend parfois difficiles à cerner. D’autant que le principe d’intrégrité de base du rap, est que son langage ne doit pouvoir être compris que par les gens d’un quartier précis.

Bien sûr, la peur d’avoir un manque de liant l’a taraudé longtemps. On risquait d’avoir des effets de coupure, de scènette en rap, en scénette en rap… Mais la fusion lui paraît au final plutôt réussie. La scène avec le pit-bull est un cas à part, relevant pratiquement de la comédie musicale. Elle commence comme un squat, très réaliste dans une cage d’escalier, puis les jeune se mettent à faire de la musique, des basses, uniquement avec la bouche. Ce mouvement récent, le beat box, n’en est selon Malik Chibane, qu’à ses balbutiemments. Il a voulu en tous cas filmer cette scène comme il approcherait une chorale. L’idée de mordre le chien à l’oreille lui est venue d’un fait divers arrivé à une journaliste allemande. La scène a été tournée, ou tout au moins tentée, mais cela n’était pas convaincant.

Le réalisateur précise que l’ensemble des comédiens n’est pas constitué que de professionnels, un mélange avec des vrais gens de Sarcelles ayant été fait. Un gros travail sur les décors a été effectuer, de manière à se rapprocher d’un univers de conte. Comme exemples, il donne les largeurs des couloirs, ou l’absence de fenêtres dans les appartements, notamment celui du rappeur.

Mais son film est aussi porteur de quelques messages sur la vie en communauté. Il évoque la scène avec le cola hébreux et le cola arabe, posés côte à côte sur une table. Il rergrette que l’image donnée par les médias face que l’on ne se rende pas compte de ce qui fonctionne dans la société française en terme d’intégration. On est très loin du communautarisme à l’anglo saxonne. Sarcelles est selon lui emblématique de ce mélange réussi. Cependant il note que de son film ressort un sentiment de trsitesse et de solitude, alors qu’il voulait ontrer l’intérêt de la vie ensemble. On en retient peut être plus la petite politique, avec les association qui votent (dans la douche dans le film) pour se donner un semblant de démocratie. Il constate pour sa part que quand les gens sont peu nombeux à s’exprimer, qu’il y a moins de démocratie, beaucoup de choses sont faites, alors que quand ils sont nombreux, on se concentre sur des détails et rien n’est fait.

Il termine enfin par un point sur le titre du film. Voisins voisines voulait évoquer la vie ensemble, et n’a rien à voir avec la sitcom de La 5, diffusée après minuit, et faite pour remplir les cotas de productions françaises. Une précision qui méritait d’être faite.

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